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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/187

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s’assoupira point et rie s’endormira point (4). » Si vous vous êtes prémunis, comme je viens de le dire, continue le Psalmiste, le Seigneur ne « s’assoupira point et ne s’endormira point ; » en d’autres termes, il ne vous quittera pas, il ne vous délaissera pas, il ne vous abandonnera pas dans votre nudité et votre isolement. Et c’est pour nous bien pénétrer de cette pensée qu’il a ajouté à dessein : « Celui qui garde Israël. » Ce qui revient à dire : si par un acte continuel de sa providence, depuis un temps qui remonte jusqu’à vos ancêtres, il a pris soin de vous, il ne cessera pas de faire ce qu’il a fait et il agira comme par le passé, à moins dire « votre pied ne soit ébranlé. » Et non seulement, il ne vous abandonnera pas, mais il vous défendra et il vous tiendra en grande sûreté. Voilà pourquoi le Psalmiste poursuit en ces termes : « Le Seigneur vous gardera, le Seigneur sera sur votre droite pour vous donner sa protection (5). » Une autre leçon porte : « Le Seigneur sera à votre droite. » Il sera votre défenseur, votre aide, votre secours. Remarquez comment, dans cette circonstance encore, le Seigneur vent que nous agissions. Semblable à ceux qui assistent dans les combats, il sera à notre droite, afin que nous soyons indomptables, forts, puissants, que nous triomphions, que nous remportions la victoire, car c’est principalement par sa protection que nous faisons toutes choses. non seulement il sera près de nous, mais il nous secourra, mais il nous protégera. Je le dis de nouveau, c’est par les choses qui sont sous nos yeux que le Prophète exprime le secours de Dieu : et par « sa droite et sa protection » il figure sa garde la plus absolue en tous points et son secours le plus prochain. « Le soleil ne vous brûlera point durant le jour, ni la lune pendant la nuit (6). » C’est ce qui eut lieu pour les Juifs quand ils sortirent de l’Égypte et qu’ils vivaient dans le désert. Ici le Psalmiste a voulu figurer une grande sécurité il est même vraisemblable que ces mêmes Juifs, à leur retour de la captivité, fuient favorisés de quelque miracle de cette sorte. Et ce prophète n’a ajouté ce qui précède que pour nous montrer abondamment cette providence de Dieu qui, non contente de délivrer des maux, affranchit même ses enfants des incommodités auxquelles les hommes sont sujets. Il donne son secours avec une telle générosité et une bonté si ineffable que non seulement il est proportionné à nos besoins, mais qu’il nous récompense au-delà de nos espérances. « Le Seigneur vous gardera de tout mal, le Seigneur gardera votre vie (7). »
Celui, en effet, qui étend son souci et sa providence jusqu’aux plus petites choses pour empêcher qu’elles ne vous nuisent, saura bien vous délivrer de ceux qui voudraient vous assiéger. Tout ce qui peut nous arriver de fâcheux, cède au moindre signe de Dieu ; ce qui n’est pas au pouvoir de l’homme. Car si bien souvent il a délivré d’un mal, il n’a pu délivrer d’un autre, ou s’il l’a pu, il ne l’a pas voulu. Mais la main de Dieu est forte et toute-puissante, et il sera toujours à même de repousser et de dissiper tout ce qui nous assaillira et de nous délivrer en toute circonstance. « Le Seigneur protégera votre sortie et votre entrée, ou votre approche », selon une autre version.
L’entrée et la sortie de la vie n’indiquent-elles pas un secours continuel et incessant ? Y a-t-il rien de comparable à une pareille charité, à une pareille miséricorde ? Le Psalmiste embrasse ici toute la vie, car elle est renfermée tout entière entre ces deux termes, l’entrée et la sortie. Et pour nous le faire comprendre plus clairement encore il a ajouté : « Dès maintenant et jusque dans l’éternité. » Ce n’est point un jour, dit-il, ni deux, ni trois, ni vingt, ni cent, mais toujours. Les hommes seraient incapables de pareilles choses, étant sujets, comme ils le sont, à des changements nombreux, à une grande instabilité, à des vicissitudes continuelles. Tel est aujourd’hui votre ami, qui demain est votre ennemi, et celui qui vous secourt en ce moment vous abandonne bientôt après. Souvent même, il ne se contente pas de vous abandonner, mais il vous opprime et il vous tend des pièges plus dangereux que ceux de n’importe quel ennemi. Mais en Dieu, tout demeure immobile, perpétuel, immortel, stable et sans fin.
Faisons donc tout notre possible pour mériter ses biens. Nous nous rendrons ainsi dignes de jouir d’une grande paix et d’être mis en possession des biens futurs, en Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.