Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/222

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et rien ne pouvait les soustraire à la colère céleste : Moïse aurait-il dû, laissant le fléau du ciel s’abattre sur toutes les tribus, livrer ainsi la race hébraïque à une extermination générale, et, le châtiment s’accomplissant, ne point s’occuper du péché, qui devenait alors irrémédiable. Ou bien n’a-t-il pas dû plutôt, par la punition corporelle et le meurtre de quelques hommes enlever le péché, apaiser le courroux du ciel, et rendre Dieu propice a toux qui avaient commis de telles offenses ? En examinant de cette manière la conduite du juste Moïse, vous trouverez que c’est principalement en cette circonstance qu’il nous montre sa douceur.
2. Mais nous laisserons les personnes qui aiment à s’instruire réfléchir là-dessus d’après ce que nous en avons dit, et afin de ne pas donner à l’accessoire des proportions plus grandes qu’au fond même du discours, revenons à notre sujet. Quel était-il ? « Souviens-toi, Seigneur, de David, et de toute sa douceur ; du serment qu’il fit au Seigneur, de la prière qu’il fit au Dieu de Jacob (2). » L’auteur du psaume parle d’abord de la douceur de David ; puis, omettant le récit de ce qui concerne Saül, les frères de David, Jonathas, ainsi que de la patience de David à l’égard du soldat qui l’avait abreuvé de mille outrages ; passant également sous silence bien d’autres faits encore, il en vient à un autre point, qui était particulièrement l’objet d’un grand zèle. Et pourquoi procède-t-il ainsi ? Pour deux motifs : le premier, c’est que la douceur est la qualité qui plaît le plus à Dieu ; « Car sur qui jetterai-je les yeux », dit-il, « si ce n’est sur l’homme doux et pacifique, et qui redoute mes paroles ? (Is. 66,2) » L’autre motif, c’est que l’affaire la plus urgente, c’était la réédification du temple, la reconstruction de la ville, et le rétablissement des anciennes coutumes : c’est donc principalement à ce point qu’il se hâte d’arriver, et laissant le premier de côté comme évident et reconnu, (ce fait, manifeste pour tout le monde, c’est la douceur de David), il aborde ce dont il a surtout besoin pour le but qu’il se propose. En effet, que désirait-on voir ? Le temple rebâti, et les anciens sacrifices rétablis. Et comme David s’était spécialement distingué sous ce rapport, l’auteur du psaume demande à Dieu, en récompense du zèle de David, la reconstruction du temple, et il dit : « Souviens-toi, Seigneur, de David, et de toute sa douceur ; du serment qu’il fit au Seigneur, de la prière, qu’il fit au Dieu de Jacob : Je jure de ne point entrer sous l’abri de ma maison, de ne point monter sur le lit où est ma couche (3), de ne point donner de sommeil à mes yeux, d’assoupissement à mes paupières, ni de repos à ma tête, jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour le Seigneur, un tabernacle pour le Dieu de Jacob (5). » Mais en quoi cela te concerne-t-il, demandera Dieu à l’auteur du psaume. C’est que, répondra-t-il à Dieu, je suis le descendant de David ; et comme son zèle vous fut agréable, comme vous lui promîtes en récompense d’affermir sa race et sa royauté, nous venons maintenant, à ce titre, réclamer l’effet de ce contrat. Or David n’avait point dit : Jusqu’à ce que j’aie bâti (car cette faveur ne lui avait pas été accordée), mais : « Jusqu’à ce que j’aie trouvé, un lieu pour le Seigneur, et un tabernacle. » Ainsi, l’auteur dit psaume ne parle pas de celui qui avait bâti le temple, et il met en avant celui qui avait promis de le bâtir, afin de vous apprendre quel grand bien c’est qu’une intention droite, et comment Dieu a coutume de réserver toujours une récompense pour la bonne volonté : c’est pour cela qu’il rappelle de préférence le souvenir de David, attendu que c’est plutôt lui, que son fils, qui a bâti le temple. L’un a promis de le construire, l’autre en a reçu l’ordre. Et voyez ici l’empressement de David. non seulement il dit qu’il n’entrera pas dans sa maison, qu’il ne montera pas sur sou lit, mais il déclare qu’il ne goûtera pas même sans tourment ce qui est de nécessité physique, tant qu’il n’aura pas trouvé un lieu et un tabernacle pour le Dieu de Jacob. Dieu reprochait aux Juifs le contraire lorsqu’il leur disait : « Vous habitez, vous autres, dans des maisons élégamment, lambrissées ; et moi, ma maison est délaissée. (Agg. 1,4) Jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour le Seigneur, un tabernacle pour le Dieu de Jacob. » Voyez encore par ce passage quel zèle, quelle âme pleine de sollicitude ! « Jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour le Seigneur, un tabernacle pour le Dieu de Jacob ; » ainsi parle le Roi-Prophète, lui qui avait tout à ses ordres, c’est qu’il ne voulait pas simplement bâtir, il voulait que ce fût dans l’emplacement le plus convenable ; le mieux approprié au temple ; et pour cela lit avait besoin de chercher, tant son âme était vivante !