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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/238

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qu’il n’y a pas d’esprit dans leur bouche. Et pourquoi le perfide démon ne fait-il, et ne dit-il rien sans les idoles ? Parce que ces idoles, à cause des types qu’elles représentent, sont comme les colonnes du temple abominable de la fornication, de l’adultère et de toutes les turpitudes humaines ; la vue de ces simulacres est un moyen de séduction que le démon emploie pour induire les hommes à imiter les actions dont les idoles leur offrent les représentations : voilà pourquoi, il est si assidu auprès de ces idoles qu’il meut pour mieux tromper. Le Psalmiste les attaque encore par une autre ironie : « Que ceux qui les font leur deviennent semblables. » Réfléchissez en vous-mêmes, demandez-vous ce que sont ces dieux, s’il suffit, pour prononcer une imprécation terrible, de demander qu’on leur devienne semblable. Chez nous, il n’en est pas de même ; c’est le comble de la vertu la plus haute, c’est acquérir d’inestimables biens, que de se faire, autant qu’il est possible, semblable à Dieu. Chez les idolâtres, au contraire, tel est le tulle, tels sont les dieux, que leur devenir semblable, c’est le dernier des malheurs que puisse souhaiter l’imprécation. Donc, que ces dieux soient une matière inanimée, l’ouvrage de ceux qui leur vouent un culte, des simulacres informes, sans vie, dépourvus de tout sentiment, que ce soit la plus terrible imprécation que de souhaiter qu’on leur devienne semblable ; toutes ces vérités montrent l’erreur profonde des idolâtres. Après avoir mis en lumière la faiblesse, l’égarement, la perversité des démons, la stupidité des fabricateurs d’idoles, délivré de ces pensées, le Psalmiste conclut en glorifiant le Seigneur ; il ne raconte plus les œuvres que Dieu a faites ; il les a suffisamment exposées. Mais, pour toutes les œuvres qui, sont reconnues de tous, il réclame le tribut d’éloges, dû par ceux qui jouissent des divins bienfaits ; il les appelle donc à glorifier Dieu ; il fait entendre ces paroles : « Maison d’Israël bénissez le Seigneur ; maison d’Aaron, bénissez le Seigneur ; maison de Lévi, bénissez le Seigneur ; vous qui craignez le Seigneur, bénissez le Seigneur ; que le Seigneur soit béni de Sion, lui qui habite dans Jérusalem (21). » Pourquoi n’appelle-t-il pas tout le peuple à la fois ? Pourquoi fait-il une division ? C’est pour vous apprendre la grande différence qui distingue les bénédictions. En effet, autre est la bénédiction du prêtre, autre est la bénédiction du lévite ; autre est la bénédiction du laïque, autre est la bénédiction qui vient du peuple entier. Quant à cette expression, « Bénissez », elle a pour but de montrer quelle est cette nature bienheureuse et sans mélange. « Bénissez », en effet, cela veut dire, parce que vous êtes affranchis de vos ennemis ; parce que vous avez été jugés dignes d’adorer un tel Dieu ; parce que vous avez reconnu la vérité. Dieu, en effet, est de lui-même, béni ; il porte en lui la bénédiction ; il n’a besoin d’aucune louange ; et pourtant, vous, de votre côté, bénissez-le ; non pas que votre bénédiction ajoute quelque chose à ce qu’il a en lui, mais c’est que, vous-mêmes, vous retirerez, de cette bénédiction, un fruit précieux ; quoiqu’il soit de sa nature essentiellement béni, ce qui est de toute certitude, il veut pourtant, il veut, de plus, être béni par nous. Maintenant le Psalmiste nomme encore Sion et Jérusalem. C’est que le gouvernement des Juifs y résidait ; c’était là que leur culte avait ses fondements ; c’était là qu’ils puisaient l’enseignement et la sagesse ; et le Psalmiste veut rendre ces lieux vénérables, magnifiques, en y attachant le nom même de Dieu, afin que la vénération dont ces lieux seraient l’objet, augmentât le désir de s’y porter ; que ce désir croissant y attirât plus de peuple ; que le peuple, attiré en plus grand nombre, imprimât plus profondément dans son âme le culte de Dieu ; que ce culte plus profondément imprimé, produisît un accroissement de cette vertu pour laquelle toutes choses ont été faites. On disait alors : Jérusalem et Sion ; nous disons aujourd’hui : le ciel, et ce qui est dans le ciel. C’est donc là, je vous en conjure, qu’il nous faut attacher, afin d’obtenir les biens de la vie future, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.