dans la nuit. Qui a frappé l’Égypte avec ses premiers-nés (10), qui a fait sortir Israël du milieu d’eux (11), avec une main puissante et un bras élevé (12). » Il revient sans cesse sur le miracle accompli en Égypte, parce que les Juifs étaient des ingrats qui entendaient toujours raconter ces merveilles, et qui les oubliaient toujours. Or, ici, quelle preuve éclatante encore de la bonté de Dieu ? En frappant ce coup, le Seigneur délivrait les Israélites de la servitude, et leur postérité y trouvait une occasion de connaître Dieu. Et maintenant remarquons ici encore une autre idée. Quelle est-elle ? C’est que, même après la plaie qui fit périr les premiers-nés, Dieu a manifesté une fois de plus sa puissance, en arrachant son peuple à la servitude, en terrifiant les Égyptiens, en les ensevelissant dans la mer. Ces paroles ont pour but de prévenir l’irréflexion qui attribuerait à je ne sais quelle faiblesse le commandement qui prescrivit aux Israélites de prendre l’or et les vases d’argent. Ce que Dieu a fait, c’était pour frapper de terreur les, ennemis, par tous les moyens ; c’était pour montrer qu’il a une force indépendante et libre, qui fait tout ce qu’elle veut ; c’était pour les tromper, pour leur donner le vertige ; ce qu’il a fait ouvertement, il pouvait le faire en les abusant ; ce qu’il a fait en abusant les Égyptiens, il pouvait le faire ouvertement. Dans les deux cas, il montre sa puissance. Voulez-vous la preuve que cette conduite inspira une grande frayeur aux étrangers ? écoutez ce que dirent plus tard les devins d’Azot : « C’est le Dieu rigoureux qui a frappé l’Égypte, et qui, après avoir joué les Égyptiens, a fait sortir les Israélites. » (1Sa. 6,6) Voyez-vous la terreur dont les saisit ce qu’il y a de furtif, de trompeur dans la force qui les extermine ?
« Qui a divisé la mer Rouge en plusieurs parties (13). » Un autre interprète : « En section ; » un autre, « en segments. » Quelques-uns prétendent en effet qu’il n’y eut pas qu’une seule route, mais que la mer fut partagée, eu égard au nombre des tribus, de telle sorte qu’il y eut beaucoup de passages. Sans doute ce prodige montrait une grande puissance, un Dieu terrible et puissant ; toutefois il y avait là aussi une grande preuve de bonté, non seulement en faveur de ceux pour qui s’opérait le prodige, mais encore dans l’intérêt même des persécuteurs, s’ils avaient voulu y faire attention. En effet si Dieu les ensevelit dans la mer, c’était pour les punir, eux qui avaient vu tant de miracles, de l’audace qu’ils montraient encore contre les flots. Eussent-ils été de tous les hommes, les plus dépourvus de sentiment, ils auraient dû, en considération des prodiges qui avaient précédé, en considération des prodiges présents, et qu’ils avaient sous les yeux, admirer, adorer la divine puissance, et renoncer à une lutte inconvenante. Au contraire, ils voient la création tout entière qui se transforme au gré du Seigneur, pour leur faire la guerre, et, même alors, ils ne reviennent pas de leur fureur, et ils persistent, ils ont devant les yeux un prodige qui surpasse toute croyance, ils voient une route étrange, inouïe, et ils ne craignent pas de s’y engager. Voilà pourquoi la mer est devenue leur tombe. Il n’y avait pas là une œuvre de la nature, mais un coup frappé par une main divine. Et voilà pourquoi, en quelques instants bien courts, se produisirent des choses contraires. Et la mer ne se partageait pas seulement de manière à n’ouvrir qu’une route, il y eut autant de routes que de tribus. Et maintenant, à chaque prodige que raconte le Psalmiste, il rappelle la miséricorde, car toutes les fois que les éléments faisaient voir des prodiges, Dieu prévenait les pensées qui les auraient regardés comme des œuvres de la nature ; il y montrait la force du secours d’en haut, qui seul accomplit les miracles qui surpassent la raison humaine. C’est ce qui est arrivé dans cette mer ; c’est ce qui devient manifeste, si l’on considère que ce prodige ne s’est pas renouvelé depuis : or les œuvres de la nature se reproduisent fréquemment ; et à des époques déterminées. « Qui a fait passer Israël par le milieu de cette mer, parce que sa miséricorde est éternelle (14). »
Voyez-vous comme il termine chaque verset, parce refrain : « Parce que sa miséricorde est éternelle ? » Tous ces prodiges marquaient une providence qui ne s’interrompt pas. Car si tous les événements ont eu un terme, le souvenir qui en est resté a fourni à la postérité de puissants motifs pour s’élever à la connaissance de Dieu. Ces événements racontés par la tradition aux générations successives, ouvraient aux âmes la route de la vraie sagesse. D’ailleurs, la Providence divine ne s’est pas contentée de ces anciens événements. Après les prodiges de l’Égypte, cette affection qui entoure les hommes ne s’est pas démentie ; à
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