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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/261

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facilité du divin secours ; car ce mot, à couvert », c’est comme s’il disait : il suffit que vous soyez là, et tout mal disparaît. « Seigneur, ne me livrez pas au pécheur selon son désir (9). » Un autre texte : « N’accordez pas, ô Seigneur, ce que demandent les désirs du transgresseur ; » ce qui revient à dire : n’exaucez pas ses désirs contre moi ; c’est-à-dire, ce qu’il désire contre moi, ne lui permettez pas de l’accomplir. Et il ne dit pas : ce qu’il désire, mais selon le désir qu’il a contre moi ; le Psalmiste veut dire, n’exaucez pas la moindre partie de ce qu’il désire. Tels sont en effet les méchants ; c’est avec un désir ardent qu’ils trament des perfidies contre le prochain, tel est le démon, de qui l’Écriture dit : « Il rôde comme un lion rugissant, cherchant celui qu’il dévorera. » (1Pi. 5,8) C’est avec cette rage avide qu’il attaqua Job, et c’est ainsi qu’il méditait d’attaquer Pierre ; aussi l’Écriture dit-elle : « Que de fois Satan t’a demandé, pour te cribler comme le froment ! » (Lc. 22,31) Voyez-vous cet ardent désir ? Il y a aussi des hommes que l’envie tourmente, que le mal réjouit, qui rivalisent avec Satan pour ce vice ; l’Écriture les appelle des malheureux « Malheur à vous, qui vous réjouissez des maux ; qui trouvez vos délices dans la perversité des méchants ! » (Prov. 2,144) Et c’est avec raison que l’Écriture parle ainsi, car c’est là la marque d’un esprit dépravé et corrompu. S’il faut souffrir, s’il faut gémir, s’il faut pleurer pour ceux qui périssent, quel pardon mériteront, de quelle excuse pourront se couvrir ceux qui sont si loin de plaindre les méchants, qu’au contraire ils se réjouissent de leurs crimes ? N’avez-vous pas vu le Christ lui-même, au moment de punir, pleurer la perte de Jérusalem ? N’avez-vous pas vu Paul, se lamenter et gémir, parce que la perte des autres le plonge dans le deuil ? Mais il y a des hommes assez dépravés pour regarder comme une consolation de leurs maux, les douleurs qui accablent les autres. « Ils ont formé des desseins contre moi ; ne m’abandonnez pas, de peur qu’ils ne s’élèvent toujours », C’est là ce que veut dire Diapsalma. Un autre texte « Ne vous éloignez pas, de peur qu’ils ne s’élèvent. » Voilà le propre d’une âme souillée, corrompue ; c’est le propos délibéré, c’est après une longue réflexion, qu’elle se porte au mal ; il ne lui suffit pas des emportements qui la perdent ; elle y ajoute la délibération, le long examen, qui a pour objet de commettre le crime.
4. Quelle sera ton excuse, à toi, qui fais ton étude du vice, qui délibères afin d’accomplir des œuvres détestables, et qui t’adjoins des complices ? Mais voyez l’humilité du Psalmiste ! il ne dit pas : Ne m’abandonnez pas, parce que je suis digne de vous ; ne m’abandonnez pas, parce que j’ai passé ma vie dans la vertu. Mais, que dit-il ? Ne m’abandonnez pas, « de peur qu’ils ne s’élèvent », c’est-à-dire, de peur qu’ils ne deviennent plus arrogants, plus insolents, après que vous m’aurez abandonné. « Toute la malignité de leurs détours et tout le travail de leurs lèvres les accablera eux-mêmes. (9) » Autre texte : « La haine amère de ceux qui m’entourent et tout le mal de leurs lèvres les accableront. » Il entend ici par « détours », les rassemblements, les conciliabules, les ateliers de mauvais conseils, les pensées criminelles. Ces paroles reviennent à ceci : que leurs pensées criminelles, que toute leur méchanceté, toute leur dépravation les écrasent et les perdent. « Le travail de leurs lèvres ; » le travail, c’est ici la perversité. En effet, la perversité est un travail, pour celui qui en est atteint ; c’est sa perte, la perversité l’écrase. C’est ce qui est arrivé à propos de David ; ses ennemis s’attendaient à le voir tomber dans les plus affreux malheurs ; son nom est devenu plus glorieux. Assurément, me dit-on ; mais ce n’est pas là ce que je cherche ; mais montrez-moi comment de pareils ennemis se blessent eux-mêmes, se perdent par leurs propres conseils ; montrez-nous-en des exemples. Exemple : les frères de Joseph. Ils voulaient en faire un : esclave, ils voulaient le perdre, et ils se sont eux-mêmes exposés aux plus grands dangers. Et certes, c’est dans la servitude, c’est dans la mort qu’ils ont précipité leur frère, autant qu’il était en leur pouvoir de l’y jeter.
Absalon voulait s’emparer de la royauté, pour anéantir son père, et cette royauté l’a perdu lui-même. « Des charbons enflammés tomberont sur eux ; vous les précipiterez dans le feu (10). » Ce qui revient à ceci : Sans doute, le vice tout seul suffit pour perdre ceux qui l’embrassent ; mais, de plus, outre le poids de leurs vices, ils auront à supporter la colère divine. Les charbons et le feu signifient ici le supplice infligé par le ciel. Souvent le feu a frappé les méchants. Exemple : Dathan, Coré, Abiron, et ceux qui entouraient la fournaise