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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/279

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Mais pourquoi dit-il : « Dans l’attente de la justice que vous me rendrez ? » Selon un autre texte : « Quand vous m’aurez favorisé de vos bienfaits ; » selon d’autres encore : « Quand vous m’accorderez ma rétribution et ma rémunération. » Or, il a parlé plus haut de son affliction, de son humiliation, il n’a pas parlé de ses glorieuses vertus, ni de la confiance que lui donnent ses mérites. De quoi donc réclame-t-il le salaire ? il le demande pour les jours de l’humiliation. Ce n’est pas en effet, une vertu commune que de supporter l’affliction eu rendant des actions de grâces ; et voilà pourquoi il appelle « justice » la récompense qui s’attache à cette conduite. Donc, cessons de nous tourmenter dans les afflictions, et prions pour ne pas entrer en tentation. Acceptons ce qui peut arriver ; c’est ainsi que nous nous purifierons de nos péchés, et que, s’il y a en nous quelque justice, nous ajouterons à cette justice un plus vif éclat. C’est ce que Job nous a fait voir ; l’affliction l’a rendu plus brillant. C’est un bien, même pour les corps ; est un bien, non seulement pour l’homme, mais pour les animaux ; non seulement pour les animaux, mais pour les plantes mêmes ; et voilà pourquoi les agriculteurs ne souffrent pas que la vigne ait un feuillage trop luxuriant ; et, pour les autres végétaux, pour les arbres, ils s’opposent à la croissance exagérée, ils les traitent avec la faux de manière que toutes leurs forces convergent vers les racines ; il ne faut pas que ces forces, s’épuisant dans les feuilles, produisent des fruits sans saveur et inutiles. C’est ce qui arrive, même dans l’homme. Quand son ardeur se consume en superfluités, l’âme n’a plus de force pour produire le fruit mûr de la piété parfaite. C’est ce qui arrive dans les eaux ; l’eau stagnante et sans écoulement est malsaine ; mais l’eau agitée, qui se prodigue en tous sens, qui se transmet par des tubes et des aqueducs, non seulement est salubre, mais elle est plus agréable à la vue, au toucher, au goût. Souvent l’affliction a vaincu la nature ; ce qui est flasque, ce qui retombe de soi-même vers la terre, sous une pression subite, se redresse tout à coup et se relève. C’est l’histoire de l’homme : quiconque supporte facilement l’affliction, s’élève à une plus grande hauteur, même au sein de l’abjection qui le courbait, qui l’abaissait jusqu’à terre ; voilà comment l’affliction produit des fruits précieux. Donc, instruits de ces vérités, recevons avec mille actions, de grâces les malheurs qui nous sont envoyés ; rendons-les ainsi plus supportables, et préparons-nous les biens à venir ; et puissions-nous tous les recevoir en partage, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l’empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.