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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/289

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1. Que dites-vous ? le Seigneur vous apprend à faire la guerre, à livrer des combats, des batailles rangées ? sans doute, et on ne se trompera pas en lui attribuant les victoires ainsi remportées ; car c’est là ce que signifie cette expression, « Qui apprend à mes mains. » C’est-à-dire qui me rend vainqueur de mes ennemis, qui me donne la force, et me permet d’élever des trophées. En effet, quand David renversa Goliath, Dieu fut l’auteur de la victoire ; et quand le même David fit avec succès un grand nombre de guerres, érigea des trophées, emporta d’assaut des villes ennemies, ce fut Dieu encore qui le rendit victorieux. Et voilà pourquoi il chantait : « Le Seigneur fort et puissant, le Seigneur puissant dans le combat. » (Ps. 82,3) Du temps de Moïse aussi, Dieu opéra grand nombre d’actions guerrières.
Mais il est encore une autre guerre, plus redoutable que les combats ordinaires des hommes, une guerre où nous avons surtout besoin du secours d’en haut, lorsque nous avons à combattre les puissances contraires à notre nature. Et maintenant la preuve que nous avons contre ces puissances une guerre à soutenir, écoutez ce que dit Paul : « Car nous avons à combattre, non contre des hommes de chair et de sang, mais contre les principautés et les puissances, contre les princes du monde de ce siècle ténébreux. » (Eph. 6,12) Guerre d’autant plus redoutable que ces puissances sont d’une autre nature, d’une nature invisible, et qu’il ne s’agit pas, dans la lutte, de petits intérêts, mais de notre salut ou de notre perte. Impossible ici de voir manifestement les victimes ; impossible de connaître par avance les époques, les difficultés, les lieux, ni quoi que ce soit des circonstances de cette guerre. En effet, c’est sur la place publique, c’est dans l’intérieur de la maison, c’est à l’heure où on se livre, soit aux jeux, soit au repos que ces phalanges vous attaquent, de sorte qu’il faut être fortifié sans cesse et à toute heure. Car cette guerre se fait sans trêve, sans messager qui la déclare, sans rien de semblable ; c’est une guerre qui ne s’annonce pas, qui ne se déclare pas ; et voilà pourquoi il faut toujours être fortifié, être pourvu de tout ce qui donne la force et la vie. Les vivres pour cette guerre, les armes qu’elle réclame, c’est la lecture de L’Écriture sainte ; qui en est privé, meurt de faim. En effet, dit le Prophète : « Je leur enverrai, non la famine du pain, ni la soif de l’eau, mais la famine qui veut entendre la parole du Seigneur. » (Amo. 8,11) Dans cette guerre donc, aussi bien que dans les batailles ordinaires, il faut le secours d’en haut. « Ce n’est point », dit le Psalmiste, « dans sa grande puissance qu’un roi trouve son salut, et le géant ne se sauvera point par la grandeur de ses forces. Le cheval trompe celui qui en attend son salut, et toute sa force ne sauvera point l’écuyer. » (Ps. 32,16, 17) Aussi, beaucoup d’ennemis ont-ils été mis en déroute par ceux qui tout d’abord avaient confié aux prières la mission de conduire leurs armes, et de rompre les phalanges ennemies. « Il est tout rempli de miséricorde pour moi ; il est mon refuge, mon défenseur et mon libérateur (2). » Voyez-vous, ici encore, la prière adressée à la clémence pour obtenir le salut ? Et maintenant, il est encore une autre pensée qu’exprime ici le Psalmiste. Voici en effet ce qu’il montre, et ce qu’il dit : Je ne serais pas même digne de miséricorde, si Dieu de lui-même n’écoutait ma prière. Donc c’est Dieu qui, « Est tout rempli de miséricorde pour moi. » Cette miséricorde en effet, je ne l’ai pas méritée par mes actions ; il a beau être tout rempli de miséricorde, cette miséricorde pourtant, il ne la fait pas sans distinction. En effet, dit le Seigneur ; « je ferai miséricorde à qui il me plaira de faire miséricorde, et j’aurai pitié de qui il me plaira d’avoir pitié. » (Rom. 9,15) Il faut donc, si nous voulons obtenir la miséricorde, lui donner, par notre conduite, une raison d’exercer sa clémence. Et maintenant, par cela même qu’il a obtenu miséricorde, le Psalmiste dit que c’est un bienfait de Dieu. Comprenez-vous bien cette contrition ? Comprenez-vous cette reconnaissance, et voyez-vous comme il attribue le tout à la bonté de Dieu ? « Il est mon refuge, mon défenseur et mon libérateur, et c’est en lui que j’ai mis mon espérance. » Il ne se lasse pas, de déposer en