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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/311

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les perfections invisibles de Dieu sont devenues visibles, depuis la création du monde, par la connaissance que ses créatures nous en donnent. Sa puissance éternelle et sa divinité brillent de manière à ôter toute excuse. » (Rom. 1,18, 20) Il parle ensuite de leur vie de manière à montrer qu’ils auront des comptes à rendre ; c’est ainsi qu’il dit ; « Et après avoir connu la justice de Dieu, ils n’ont pas compris que ceux qui font ces choses, méritent la mort ; et non seulement ceux qui les font, mais aussi ceux qui approuvent ceux qui les font. Vous donc qui condamnez, ceux qui les commettent, et qui les commettez vous-mêmes, pensez-vous pouvoir éviter la condamnation de Dieu ? Est-ce que vous méprisez les richesses de sa bonté, de sa patience, et de sa longue tolérance ? Ignorez-vous que la bonté de Dieu vous invite à la pénitence ? Et cependant, par votre dureté, et par l’impénitence de votre cœur, vous vous amassez un trésor de colères, pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra, à chacun, selon ses œuvres ; en donnant la vie éternelle à ceux qui, par leur persévérance dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; et, répandant sa fureur et sa colère sur ceux qui ont l’esprit contentieux, et qui ne se rendent point à la vérité, mais qui embrassent l’iniquité. L’affliction et le désespoir accableront l’âme de tout « homme qui fait le mal, du juif première ment, et puis du gentil. » (Rom. 1,32 ; 2, 3,9)
Vous voyez, par tous ces textes que tous les hommes sans exception, même avant la loi, sont punis de leurs péchés ; que tous ceux qui ont pratiqué la vertu, et se sont abstenus de l’impiété, jouissent des biens du Seigneur. Comment donc châtiments ou récompenses sont-ils possibles, si les hommes ne savaient pas la conduite qu’ils devaient tenir ? Et maintenant, m’objecte-t-on, si les hommes connaissaient la conduite qu’ils devaient tenir, comment l’Écriture dit-elle : « Il n’a point traité de la sorte toutes les autres nations, et il ne leur a point manifesté ses jugements ? » Écoutez ce qui est écrit, et ce que le texte signifie : le Seigneur n’a donné de loi écrite à aucun autre peuple ; tous, en effet, avaient la loi naturelle, qui détermine ce qui, est bien, ce qui est mal. Car lorsque Dieu fit l’homme, il mit aussitôt en lui ce tribunal incorruptible, la conscience qui, dans chaque homme, porte ses jugements ; quant aux Juifs, il leur accorda le privilège de connaître, par le moyen de paroles écrites, les prescriptions de la loi. Aussi, le Psalmiste ne dit pas : Il n’a rien fait pour aucune autre nation, mais, « il n’a point traité de la sorte », c’est-à-dire, il n’a donné aux autres nations, ni des tables ni des écrits, ni un Moïse législateur, ni tout ce qu’on a vu sur le Sinaï ; les Juifs seuls, par un privilège unique, ont joui de tout ce surcroît de secours ; mais la nature humaine, tous les hommes, sans exception, avaient la loi suffisante de la conscience. Ce que Paul, à son tour, exprimait ainsi : « Lors donc que les Gentils, qui n’ont, point la loi, font naturellement les choses que la loi commande, n’ayant point la loi, ils se tiennent à eux-mêmes lieu de loi. » (Rom. 2,14) Et voilà pourquoi les Juifs méritent une condamnation plus sévère ; avec ta loi naturelle, ils ont reçu la loi écrite, et ils se sont souillés de tous les crimes, de sorte que l’excès même de la bienveillance de Dieu est, pour eux, l’occasion d’une condamnation plus rigoureuse, parce qu’ils y ont répondu parleur négligence. En ce qui concerne le sens littéral du psaume, il suffit de l’explication que nous cri avons donnée. Si maintenant on désire que nous interprétions, dans le sens anagogique, nous ne refuserons pas de marcher dans cette voie, sans faire violence à l’histoire, loin de nous d’y penser, mais en nous servant de l’histoire pour offrir cet enseignement aux plus studieux, autant que possible. « Jérusalem, loue le Seigneur ; Sion, loue ton Dieu. » Paul entend par là, la Jérusalem céleste, de laquelle il dit : « La Jérusalem d’en haut est vraiment libre, et c’est elle qui est notre mère. » (Gal. 4,26) De même que Sion représente pour lui l’Église quand il dit : « Vous ne vous êtes pas approchés d’une montagne sensible, d’un feu brûlant, d’un nuage obscur et ténébreux, des tempêtes ; mais vous vous êtes approchés de la ville de Sion, de l’Église des premiers-nés, qui sont écrits dans le ciel. » (Héb. 12,18, 22, 23) C’est donc ainsi que l’on peut dira par anagogie : « Jérusalem, loue le Seigneur ; Sion, loue ton Dieu. Car il a fortifié les serrures de tes portes, et il a béni tes enfants au milieu de toi. » Il l’a fortifiée, en effet d’une manière plus solide que Jérusalem ; il n’y a pas mis des verrous et des portes ;