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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/315

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La beauté, la merveilleuse magnificence de ses couvres se manifestent suffisamment aux regards. Quant à cette vérité, qu’il y a un ouvrier qui les a faites ; qu’elles ne sont ni des effets du hasard, ni incréées, c’est ce que l’on peut déduire des paroles mêmes de l’Écriture. Je veux apprendre à celui qui doute, qu’il y a, de ces œuvres un créateur, un ouvrier, prévoyant, plein de sollicitude. L’Écriture en effet pose ici deux vérités, ou plutôt trois ; et, si l’on examine le texte avec attention on verra même qu’il y en a quatre, à savoir : que l’ouvrier a créé, et a créé du néant, et a créé facilement, et que ce qu’il fait exister, il le gouverne. En effet, cette expression, « il a parlé » montre la facilité de l’œuvre ; c’est ainsi que Paul disait : « Qui vivifie les morts, et qui appelle ce qui n’est, point, comme ce qui est. » (Rom. 4,17) Ce mot « appelle » c’est pour montrer la facilité. Quant à ce fait, que Dieu gouverne ce qu’il fait exister, le Prophète l’indique encore par ces paroles : « Il les a établies pour le siècle, et pour le siècle du siècle. Il leur a prescrit ses ordres, qui ne manqueront point de s’accomplir. » Voyez comme, ici encore, il nous montre la puissance, l’autorité, non seulement par ce que l’ouvrier a établi, mais aussi, parce qu’il a prescrit ses ordres ; le Psalmiste emploie le langage humain pour faire comprendre l’action divine. De même qu’il vous est facile, à tous, de parler, de donner un ordre ; de même il est facile, pour Dieu, de créer du néant, et de gouverner ce qu’il fait exister, disons mieux, la facilité n’est pas égale ; elle est, chez Dieu, de beaucoup plus grande ; il n’est pas de paroles pour exprimer l’extrême facilité avec laquelle il a tout créé ; et, ce qui est admirable, ce n’est pas seulement qu’il gouverne, ni que les lois de la nature sont immuables, mais c’est que la création se perpétue à l’infini. Considérez la longueur du temps, et aucune confusion n’a troublé les êtres ; la mer n’a pas inondé la terre ; le soleil n’a pas dévoré, de ses feux, les objets visibles ; le ciel ne s’est pas ébranlé ; les limites du jour et de la nuit ne se sont pas confondues ; il n’y a pas eu de bouleversement dans les saisons, ni rien de pareil : tout ce qui a reçu l’être, et dans le monde supérieur, et sur la terre, a conservé exactement les limites une fois prescrites dès le commencement du monde à chaque partie de la création.
Après avoir parlé des créatures supérieures, de celles qui résident dans les cieux, le Psalmiste descend sur la terre. Nous l’avons déjà vu parlant des créatures supérieures, commencer par les puissances super-célestes, descendre ensuite aux créatures célestes ; de même, ici : des créatures célestes, il se précipite d’un bond vers celles de la terre. En effet, certains hommes décident que les créatures célestes sont dignes de Dieu, mais, pour celles de la terre, ils les censurent, parce que l’on trouve sur la terre des scorpions, des lions, des vipères, des dragons et d’autres espèces d’animaux ; des arbres stériles. Le Psalmiste, comme pour leur répondre, entreprend une autre manière de raisonnement. Or, voyez ce que fait le Psalmiste : laissant de côté les animaux dont l’utilité est reconnue, les brebis, les bœufs, dont l’utilité est une vérité de l’expérience ; les ânes, les chameaux, toits les animaux qui nous servent à transporter des fardeaux, il s’occupe de ceux qui paraissent inutiles, des dragons ; il parle des mers, qui ne sont pas navigables ; il parle de ce qui semble créé pour nous importuner ;