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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/346

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espèce de tumulte ; car, les apôtres ne faisaient rien pour s’étaler en spectacle, ni pour acquérir de la gloire. Donc, le geôlier se jeta à ses pieds. Eh bien, que fait Paul ? Avez-vous bien compris le miracle ? Avez-vous bien compris ce qu’il y a là d’étonnant, d’étrange ? Considérez maintenant la sollicitude, considérez la bonté de Paul. « Il lui cria : Ne vous faites point de mal, car nous sommes tous ici. » (Act. 21,28) Le geôlier l’avait enchaîné cruellement ; l’Apôtre ne le laissa pas mourir d’une manière cruelle ; il oublia son injure : « Nous sommes tous ici, » dit-il. Voyez la modestie ! il ne dit pas : ces choses merveilleuses, c’est aloi ##Rem qui les ai faites ; mais, que dit-il ? « Nous sommes tous ici. » Il se compte au nombre des prisonniers, notre Paul. Le geôlier, à cette vue, fut saisi d’admiration ; le miracle le frappa de stupeur ; il bénit Dieu, c’était une âme vraiment digne de la sollicitude et de la bonté de l’Apôtre, que ce geôlier ; il ne considéra pas ce qui s’était passé, comme un prestige. Et pourquoi ne crut-il pas à un prestige ? C’est qu’il les entendit chantant des hymnes au Seigneur ; et un faiseur de prestiges ne chante jamais d’hymne au Seigneur. Il avait reçu beaucoup de faiseurs de prestiges en sa qualité de geôlier ; mais jamais aucun d’eux n’avait fait chose pareille, n’avait fait tomber des liens, ni montré la même sollicitude. C’est que Paul voulait être enchaîné, et il ne prit pas la fuite, ne voulant pas causer la mort du geôlier.
Cet homme s’était élancé, tenant dans ses mains un glaive et un flambeau ; le démon voulait lui faire commettre un meurtre, pour prévenir sa conversion. Mais la voix retentissante de Paul conquit bien vite le salut de son âme ; car, non-seulement il cria, mais il lui dit d’une voix retentissante : « Nous sommes tous ici. » Le geôlier admira cette sollicitude, et celui qui n’était pas enchaîné, tomba aux pieds de celui qui était chargé de chaînes ; et que lui dit-il ? « Seigneur, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » (Act. 16,30) Comment ! c’est toi qui l’as enchaîné, et c’est toi qui te trouves dans l’embarras ? C’est toi qui lui as mis ses pieds dans une entrave de bois, et voilà que tu cherches la manière de te convertir et de te sauver ? Voyez-vous la ferveur ? voyez-vous ! e zèle empressé ? Pour cet homme, pas de délai ; libre de crainte il ne se croit pas libre à l’égard de son bienfaiteur, mais tout de suite, il s’élance, il se jette sur le salut de son âme. C’était le milieu de la nuit ; il ne dit pas : délibérons, laissons venir le jour, mais, tout de suite, il court à son salut. Cet homme est grand, se dit-il ; il surpasse la nature humaine ; j’ai vu la merveille qu’il a faite ; j’ai admiré sa sollicitude pour moi ; il a souffert, de moi, des maux sans nombre ; exposé aux derniers malheurs, et me tenant dans ses mains, moi qui l’ai enchaîné, il peut me tuer ; et, non-seulement il n’en fait rien, mais, au moment où je m’apprête à m’égorger moi-même, ou déjà je me perce de mon glaive, c’est lui qui m’arrête. Ce geôlier a eu raison de dire : « Seigneur, que faut-il que je fasse « pour être sauvé ? » Car, ce n’étaient pas seulement les miracles qui attiraient auprès des apôtres de nouveaux croyants, mais, avant leurs miracles, leur vie opérait sur les hommes. Voilà pourquoi l’Écriture dit : « Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils « voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père, qui est dans les cieux. » (Mat. 5,16)
Avez-vous bien vu la ferveur du geôlier ? Voyez maintenant la ferveur de Paul ; il ne diffère pas ; son zèle ne se ralentit pas ; il est dans les fers, chargé d’entraves, couvert de blessures, et vite il l’instruit des mystères, et il instruit, avec lui, toute sa famille, et, après l’ablution spirituelle, après la table spirituelle, il lui sert aussi les aliments de la chair\f + ft Confusion : ce n’est pas Paul qui offre des aliments au geôlier, c’est le geôlier qui convie Paul à en prendre chez lui (Act. 16,34)</ref>. Mais pourquoi a-t-il fait trembler la prison ? pour réveiller l’âme du geôlier par le spectacle de ce qui arrivait. Il a fait tomber les liens sensibles de ceux qui étaient enchaînés avec lui, pour faire tomber les liens spirituels du geôlier. Le Christ a fait tout le contraire : Un homme s’approcha de lui, qui souffrait d’une double paralysie ; de la paralysie du péché, de la paralysie du corps. Le Christ guérit d’abord la paralysie du péché, par ces paroles : « Mon fils, vos péchés vous sont remis. » (Mrc. 2,5) Et, comme on disputait sur ces paroles ; comme on blasphémait ; comme on disait : « Personne ne peut remettre les péchés, que Dieu seul (Id. 7) ; » le Christ, voulant montrer qu’il est véritablement Dieu, voulant aussi se ménager les moyens de luger ses contradicteurs d’après leur propre bouche, afin de pouvoir dire : « Je vous juge d’après votre