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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/573

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il peut reverdir, et le rejeton ne manquera point. L’homme s’en va lorsqu’il est mort, et le mortel qui tombe n’est plus. » (XIV, 4,5,7,10)

Tout recommence une seconde fois. Eliphaz s’adresse à Job : « Le sage donnera-t-il pour réponse des paroles qu’emporte le vent ? Je te convaincrai par ta bouche et non par mes a paroles. Quel est celui qui est homme et demeure irréprochable ? Quel est celui qui est juste, étant né de la femme ? » (XV, 2,6,14)

Seconde réponse de Job à Eliphaz : « J’ai entendu souvent ces paroles ; toutes vos consolations sont mauvaises. Mon témoin est dans le ciel et Celui qui voit ma conscience demeure dans les lieux élevés. Qu’il y ait un juge entre l’homme et Dieu. » (XVI, 2,20,22) Et aussi : « Mon jour a été changé en une nuit profonde. J’attends que le tombeau soit ma demeure. J’ai appelé le trépas mon père ; j’ai appelé la poussière ma mère et ma sœur. » (XVII, 12,14) Baldad, le second, reprend et s’adresse à Job : « Jusques à quand parleras-tu ? Si tu meurs, l’espace qui s’étend sous le ciel sera-t-il inhabitable ? » (XVIII, 2,4)

Job répond, pour la seconde fois, à Baldad « Jusques à quand affligerez-vous mon âme et me poursuivrez-vous de vos discours ? Vous parlez contre moi sans éprouver de honte. » (XIX, 2,3) Et ensuite : « Il m’a dépouillé de ma gloire et il a ôté la couronne de ma tête ; il a déraciné mes espérances comme un arbre que l’on arrache. » Et encore : « Mes frères se sont éloignés de moi ; ils ont reconnu des étrangers plutôt que moi ; mes amis n’ont pas eu de pitié pour moi ; j’ai appelé mon serviteur, et il ne m’a point écouté ; j’ai adressé mes prières à ma femme et elle n’y a point eu d’égard ; j’ai invoqué les fils de mes concubines et ils m’ont repoussé. Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous qui êtes mes amis. Pourquoi me persécutez-vous, comme Dieu lui-même ? Qui me donnera que nies paroles soient écrites ? Toutes ces choses ont été accomplies en moi par le Seigneur. Mon œil le voit et non un autre. Nous trouverons en lui la racine de nos discours. Prenez garde à l’abri derrière lequel vous vous retranchez[1]. » (XIX, 9 et suiv) Sophar de nouveau s’adresse à Job : « Je ne pensais pas que tu voulusses répliquer ainsi. La joie des impies tombe en ruines ; l’allégresse des pervers périra. Lorsqu’il paraît affermi, l’impie est près de sa fin. » Et encore : « Ses os sont remplis des vices de sa jeunesse. Si sa malice devient douce dans la bouche, il la cachera sous sa langue. Comme le fiel de l’aspic, qui remplit son ventre, ainsi les richesses amassées injustement seront vomies par celui qui les possède. En vain et inutilement il travaille, amassant des richesses dont il ne jouira pas. » Et encore « Il a renversé la maison d’un grand nombre de ceux qui ne pouvaient résister. Que l’arc d’airain le blesse ; que le trait lancé traverse sa bouche[2]. Les astres parcourront la place de ses tentes. Car tel est le partage de l’homme impie devant le Seigneur. » (XX, 2 et suiv).

Deuxième réponse de Job à Sophar : « Ecoutez, écoutez mes paroles, et que ma consolation ne vienne pas de vous. Car, est-ce donc avec l’homme que je dois lutter par mes dis« cours ? Pourquoi les impies vivent-ils et vieillissent-ils dans la richesse et dans la prospérité ? La femme qui enfante parmi eux échappe au péril. » Là est cette parole : « L’impie dit au Seigneur : Retirez-vous de moi, je ne veux pas connaître vos voies. Quel est le Tout-Puissant pour que nous le servions ? Est-ce que ce n’est pas le Seigneur qui donne la science et l’intelligence ? Lui« même juge les œuvres, et c’est pourquoi je sais que vous insistez contre moi avec au« dace. » Et aussi : « Où est la demeure des princes ? Au jour de la perdition, le méchant disparaît, et après lui tout homme qui marche dans sa voie. » (XXI, 2 et suiv) Pour la troisième fois, Eliphaz insiste : « N’est-ce pas le Seigneur qui donne la science et l’intelligence ? Qu’importe-t-il à Dieu que tu sois irréprochable dans tes œuvres ? » En cet endroit, Eliphaz dit à Job : « Tu as renvoyé les veuves sans les assister, tu as opprimé les orphelins, et tu as dit : Le Tout-Puissant le sait-il ? Les impies disent : Que nous fera le Seigneur et quel châtiment le Tout-Puissant enverra-t-il sur nous ? » Là est cette parole : « Le Seigneur te purifiera comme l’argent éprouvé par le feu. Regarde le ciel en te réjouissant. Lorsque tu auras prié, il

  1. Saint Chrysostome, qui résume rapidement, semble attribuer à Job une parole que celui-ci met dans la bouche de ses adversaires Quare dicitis : Radicem verbi inveniamus contra eum ?
  2. Dans la traduction latine : traverse son corps, en lisant: somatos et non stomatos