Seigneur », afin de la toucher davantage ; c’est lui ton seigneur, ton maître, ton père, (lui a voulu en outre devenir ton époux, ou plutôt ce fait seul d’être devenu son seigneur atteste une sollicitude et une bonté infinies, puisqu’il a fallu l’arracher au joug des démons et à la tyrannie de l’erreur pour l’attacher à son service. Mais il n’en a pas fait seulement sa servante, il en a fait sa fille et sa femme. « Oublie ton peuple et la maison de ton père. » Car tu ne vas pas habiter chez un étranger, tu ne fais que retourner chez celui qui t’a engendrée, qui te touche de plus près que, personne, qui veille sur toi et te protège. Car il est à la fois ton maître, ton père et celui à qui tu dois tout. « Et ils l’adoreront, et la fille de Tyr avec des « présents. » – Quelle suite y a-t-il entre ces idées ? Une suite parfaite. Il n’y a pas de meilleure méthode pour exhorter. Approche, dit-il, car sa puissance est grande et tous lui obéiront : Et omettant de parler de l’univers, le Prophète désigne seulement une ville voisine, alors plongée dans l’impiété, vraie citadelle du diable, grandement renommée pour son luxe ; c’est la partie prise pour le tout.
Il me semble aussi désigner par là en général la débauche et l’impiété. car l’Écriture est dans l’usage de caractériser la conduite humaine par des noms de ville. C’est ainsi qu’elle dit, par exemple : « Écoutez la parole du Seigneur, princes de Sodome : ayez la loi de votre Dieu, peuple de Gomorrhe. » (Is. 1,10) C’est aux Juifs que parle Isaïe : mais comme leur conduite rappelait Sodome, il leur applique le nom de cette ville. Et faut-il s’étonner qu’il leur attribue ainsi fine patrie, quand ailleurs de la même façon on leur prête des parents. « Ton père est Amorrhéen, et ta mère Hettéenne. » (Ez. 16,3) Et là ne s’arrête point l’invective : quelquefois des, noms d’animaux leur sont appliqués, comme dans ce passage du Nouveau Testament : « Serpents, progéniture de vipères (Lc. 3,7) ; », et dans l’Ancien : « Ils ont brisé des œufs d’aspics, et ils tissent une toile d’araignée. » (Is. 59,5) Ailleurs il est dit : «.N’êtes-vous pas pour moi comme des fils d’Éthiopiens ? » (Amo. 9,7) C’est ainsi que dans l’endroit qui nous occupe, sont désignés par le nom de Tyriens ceux qui passent leur vie dans l’incontinence et l’impiété : Mais je triompherai de ces hommes, dit-il, je les vaincrai, je les forcerai d’adorer, et non pas seulement d’adorer, mais encore d’offrir des présents et des prémices, ce qui est le culte par excellence, et la marque d’une obéissance sans limites. Les riches du peuple supplieront ton visage. Qu’est-ce à dire, Supplieront ? C’est-à-dire, les grands, les puissants d’aujourd’hui t’honoreront, te glorifieront. C’est ainsi, en effet, que les choses se passent dans l’Église : les plus riches, les plus élevés en dignité honorent, cultivent les hommes vertueux. Car la vertu est au-dessus de tous les trésors.
12. Vous avez sous les yeux l’Église, objet d’hommages universels. « Ton visage » est mis là fort à propos pour signifier ta gloire, ta beauté. Puis, de peur que quelque esprit grossier n’aille interpréter dans un sens matériel ce qu’il a dit du visage, des vêtements, de la beauté, il ajoute : « Toute la gloire de la fille du roi vient du dedans. » C’est comme s’il disait : Entre dans son âme, contemples-en la beauté : voilà ce dont je parle, en dépit de ces expressions, Vêtements, Beauté, Or, Franges, Broderies, que sais-je encore ? C’est du cœur qu’il est question, c’est au sujet de l’âme que je vous instruis, c’est de la vertu que je parle, de la gloire intérieure. Aussi revient-il avec confiance aux images matérielles, une fois qu’il a redressé expressément l’erreur des esprits grossiers. « Environnée de franges d’or, diversement parée. » Suivant un autre : « Au moyen d’agrafes d’or revêtue d’habits de plusieurs couleurs. – Ici encore l’or signifie la vertu. – C’est ainsi que Paul a dit : « Si quelqu’un, bâtit sur ce fondement, or, argent, pierres précieuses, bois, foin, roseaux (1Cor. 3,12) : » ces noms de matériaux divers représentent ici le vice et la vertu. – En effet, craignant que vous ne voyiez dans ces choses le trésor qui, en réalité, est intérieur, le Prophète ne souffre pas que votre imagination s’égare sur les choses du dehors, et il la rappelle vers le dedans. Car la vertu embellit l’âme qu’elle revêt comme ces ornements embellissent le corps qui en est couvert. « Des vierges seront amenées au roi derrière elle (15). » Un autre dit « Suivront. » Un autre : « Seront présentées. Ses proches vous seront amenées. Elles seront amenées en joie et en allégresse. Elles seront conduites dans le temple du Roi (6). » Voyez-vous ces vêtements ornés de franges ? voyez-vous cette robe dorée, cette fleur de virginité ? C’est le vêtement de l’Église ; et veuillez considérer la précision avec laquelle
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