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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/77

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dessus de tout espoir et de toute attente. Le Psalmiste appelle cette ville la ville de Dieu, non pas qu’il prive les autres villes de sa protection, mais il montre que les Juifs possédaient quelque chose de plus que les autres peuples, par rapport à la connaissance de Dieu. Les autres villes ne pourraient être appelées villes de Dieu, que parce qu’il les a créées, tandis que celle-ci a droit à ce titre non seulement pour ce motif, mais encore parce qu’elle est intimement unie à Dieu et que c’est là qu’il a fait tous ses miracles. Alors on disait qu’elle était la ville de Dieu, aujourd’hui c’est nous tous qui sommes appelés les fils de Dieu. « Ceux qui sont à Jésus-Christ, dit l’Apôtre, ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs déréglés. » (Gal. 5,24) Voyez-vous toute la force de la vertu ? C’est pour cela que cette montagne était appelée la montagne de Dieu, parce que Dieu y était honoré.
« Dont il établit bien les racines à la joie de toute la terre. » Voilà une expression bien obscure, aussi devons-nous y donner notre attention. A la simple lecture elle nous embarrasse, mais si on l’examine avec soin, on verra 1a suite et l’exacte enchaînement des idées. Le Psalmiste s’exprime en ces termes : « Le Seigneur est grand dans la cité de notre Dieu, sur sa sainte montagne dont il établit bien les « racines », c’est-à-dire qu’il donne à sa ville de belles racines, de beaux fondements, une belle base – avec la joie et dans l’allégresse de toute la terre.. Un autre interprète le donne à entendre lorsqu’il dit : a Dont il établit bien « les racines à la splendeur déterminée de toute « la terre », Car Dieu a fait de cette ville la splendeur et la joie du monde entier. Là était la source de la piété, là prit racine, là prit naissance la notion du vrai Dieu. Telle était donc cette ville dont il avait établi les racines, qu’il avait posée sur de beaux fondements, pour l’ornement de la terre, pour sa joie et pour son bonheur. Car. Jérusalem était alors l’école de la terre, et ceux qui voulaient connaître la joie, embellir et parer leur âme, y venaient puiser les connaissances dont ils avaient besoin. C’est encore dans le même sens qu’il a dit : « dont il établit bien les racines », et non pas seulement ; « dont il établit les racines. » Si de plus vous voulez prendre cette expression dans le sens mystique, vous reconnaîtrez la justesse et la vérité de la prédiction. C’est de là que l’allégresse, c’est de là que la joie et le bonheur sont descendus partout sur la terre ; c’est là qu’étaient les sources de la sagesse, dans cette ville où le Christ fut crucifié, d’où les apôtres prirent leur essor. « Car de Sion viendra la loi, et le Verbe du Seigneur viendra de Jérusalem (Mic. 4,2) », et cette joie repose sur des racines éternelles. « Monts de Sion, flancs de l’Aquilon. » Un autre dit : « Monts de Sion, croupes de l’Aquilon ; » et le texte hébreu : « Ar Sion jerchthé Saphoun. » Dans quel but, dites-moi, parle-t-il maintenant de l’Aquilon, et nous fait-il la description de ces lieux ? Comme c’était toujours de ce côté-là que la guerre venait les assaillir, et que les peuples étrangers faisaient irruption, les prophètes se servent toujours de ces mêmes termes, et appellent cette guerre la guerre qui vient de l’Aquilon (Jer. 1,13-14), et représentent Jérusalem comme un bassin que le feu chauffe toujours de ce côté. C’est en effet par là que les frontières de la Perse et de la Palestine se touchent. Le Psalmiste admirait donc ces événements, et il ajoutait ces mots pour montrer que Dieu avait rendu imprenable cette cité constamment attaquée par les peuples venant du nord. C’est comme si l’on disait en parlant du corps : ce membre était faible, tu l’as rendu plus fort ; tel est aussi le sens caché de ses paroles dans ce même passage. Le plaisir et la sécurité règnent en ces lieux, d’où nous venaient la désolation et les larmes, et qui étaient pour nous un objet d’affliction. Il n’y a que joie et bonheur là où nous ne connaissions que les menaces, la crainte et les dangers, et désormais nul ne redoute les nations du nord, nul ne s’abat, nul ne s’inquiète, mais tous sont heureux et satisfaits, parce que tu as établi ses racines dans la joie. « La cité du grand Roi. Dieu sera connu dans ses maisons, lorsqu’il prendra sa défense (4). » Un autre dit, « fut connu ; » un autre, « Dieu dans les palais de sa cité sera connu pour un rempart ; », un autre, « Dieu dans les maisons de sa cité fut reconnu pour être capable de la tirer du danger. »
2. L’auteur du psaume proclame la majesté de Jérusalem, il la comble de louanges, il la couronne en disant : « La cité du grand Roi. » Ensuite, montrant comment elle est la cité du grand R. il ajoute « il sera connu dans ses a maisons. » C’est nous faire voir combien il en prend soin puisqu’il la sauve tout entière