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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/80

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nombre de ses tours ; » un autre : « Faites son éloge. Appliquez-vous à considérer sa force (14). » Un autre : « à considérer son enceinte. » Un autre : « sa richesse. Et faites la distribution de ses maisons. » – Un autre : « Mesurez ses palais afin que vous en « fassiez le récit à une autre génération. » – Un autre : « à la génération qui va suivre. Car c’est là le vrai Dieu, notre Dieu, pour tous les siècles et pour toute l’éternité ; et il régnera sur vous dans tous les siècles (15). » Pourquoi donc cet ordre d’aller autour de la ville, d’en compter les tours, d’en remarquer les édifices, de nous rendre compte de sa beauté, de calculer l’étendue de ses enceintes et de ses murs, de mesurer ses palais et ses maisons ? Ces paroles n’ont pas besoin de nos commentaires, elles sont assez claires par elles-mêmes, car nous pouvons en lire la cause immédiatement après. Cette cause quelle est-elle ? « Afin d’en faire le récit », dit-il, « à une autre génération. »Ce qui peut se ramener à ceci : Soyez contents, réjouissez-vous, bondissez de joie. Rendez-vous nettement compte de sa puissance, que ce ne soit pas une simple appréciation, comme s’il s’agissait du premier objet venu. Car après avoir été un amas de décombres, après avoir été arrachée jusque dans ses racines, après que le sol même où elle s’élevait eût été presque détruit, et qu’on eût désespéré de la voir jamais se relever, au point que le Prophète disait : « Nos os sont devenus tout secs, notre espérance est perdue, nous sommes anéantis (Ez. 37,11) », et comme on ne s’attendait plus à la recouvrer, leur patrie leur fut rendue, non pas telle qu’ils l’avaient perdue, mais bien plus belle et plus brillante, plus illustre, plus grande ; plus riche, plus forte, avec des maisons plus spacieuses, des marchés plus vastes, avec une puissance plus considérable et des ressources bien supérieures. « La gloire de cette dernière maison », dit en effet le Prophète, « sera encore plus grande que celle de la première. » (Agg. 2,10) Il s’adresse au peuplé et voici à peu près le langage qu’il lui tient : Cette ville à laquelle vous renonciez, sur laquelle vous ne fondiez plus aucun espoir, cette ville qui n’était qu’une ruine, comment a-t-elle recouvré un éclat plus brillant que son éclat d’autrefois ? Rendez-vous donc bien compte de tout cela, de sa reconstruction, de son éclat, de sa gloire, afin de vous bien pénétrer de la puissance de Dieu qui a relevé cette ville, détruite même dans votre espérance, et qui l’a relevée pour la faire plus grande, afin de raconter à vos descendants le pouvoir de ce Dieu, et son infatigable protection, en ajoutant qu’il a toujours veillé sur nous comme un prince, comme un pasteur. Ces récifs seront, même pour ceux qui viendront plus tard, un sujet de sages réflexions, une occasion de bien connaître Dieu, et de s’appliquer à la vertu. Voilà pourquoi le Prophète invite ses concitoyens à faire le tour de Jérusalem : il veut qu’ils donnent de bons enseignements à leurs descendants.
4. Ainsi donc, nous aussi, ayons dans l’esprit notre cité de Jérusalem, pour la contempler toujours et sans relâche, pour nous représenter sans cesse ses beautés ; cette Jérusalem, la capitale du Roi des siècles, où sont les esprits des justes, où sont les chœurs des patriarches, des apôtres et de tous les saints : où tout est immuable, où rien ne passe, où sont ces beautés incorruptibles que nul n’a viles, que ceux-là seuls peuvent posséder qui ont complètement oublié ces biens périssables et passagers qui sont le souci de notre vie d’ici-bas, je veux parler de la fortune, des délices et des funestes plaisirs qui nous viennent du diable. – Contemplons-la pour devenir chaque jour plus affectueux envers nos frères, hospitaliers envers les indigents, plus charitables envers notre prochain et plus disposés à pardonner du fond du cœur à ceux qui nous ont offensés, afin que, vivant vertueusement et selon la volonté de Dieu, nous héritions du royaume des cieux, en Jésus-Christ, notre Seigneur, à qui appartiennent la gloire et la puissance, en compagnie du Père et du Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous lés siècles des siècles. Ainsi soit-il.