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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/103

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lumière établi la divinité du Fils, son égalité avec son Père et sa consubstantialité, saint Chrysostome est aussi celui de tous les Pères qui a soutenu et défendu avec plus de feu et plus d’ardeur, et d’une manière plus pleine et plus étendue cette divinité, cette égalité, et cette consubstantialité contre les Ariens, les Anoméens, et les autres ennemis de cette grande et très-importante vérité, soit dans les douze Homélies qu’il a expressément composées contre eux, ou dans plusieurs de celles-ci sur saint Jean. En effet, c’est dans ces discours que brillent davantage son éloquence et la force de ses raisonnements, qu’il repousse et qu’il terrasse leurs objections et leurs blasphèmes par des réponses et des preuves si vives, si pressantes et si solides, qu’il serait difficile de trouver un autre athlète qu’on lui pût comparer, et qu’il faut nécessairement avouer qu’on les doit regarder comme les plus admirables et les plus excellents que saint Chrysostome ait composés.
En lisant « la LIIe Homélie », où le Saint explique « le VIIIe chapitre de saint Jean », on sera sans doute surpris de n’y pas trouver l’histoire de la femme adultère. On peut donc demander pourquoi saint Chrysostome l’a omise. Le Révérend Père Dom Bernard de Montfaucon, après nous avoir renvoyé aux auteurs critiques qui ont traité de l’Évangile de saint Jean et nommément à Sixte de Sienne, « Bibli. Lib. VI, annot. CXCVIII », nous en donne ces raisons : C’est, dit-il, ou parce que cette histoire ne se trouvait pas dans l’exemplaire du Saint, ou parce que prêchant à un peuple fort enclin et livré même à ce vice, il ne jugeait pas à propos de lui exposer l’histoire de la femme adultère, ou pour quelque sujet que nous ne savons pas. Il ajoute qu’il croit que cette histoire manquait dans les exemplaires de l’église d’Antioche : Il n’est pas à croire, dit-il, que saint Chrysostome l’eût passée à dessein, si on l’avait lue dans cette église. Enfin, il nous fait observer que cette omission n’en diminue point l’autorité, et qu’on la lisait dans tout l’Occident, dans l’Afrique, dans l’église d’Alexandrie, qui était la seconde du monde chrétien, et aussi dans toute la Grèce, si l’on en excepte quelques églises.
Les Homélies de saint Chrysostome se divisent en deux parties ; elles forment en quelque sorte deux discours et comprennent deux sujets : l’un dogmatique, et l’autre moral. Le premier est un commentaire du texte sacré, où le Saint nous explique la doctrine de Jésus-Christ et de l’Église ; le second est une exhortation familière, instructive, édifiante, toujours vive, pressante et éloquente, où il nous détourne du vice, en nous faisant connaître ce qu’il a d’horrible et d’affreux ; où il nous excite à la vertu, en nous représentant combien elle est belle, combien elle est aimable : Quand même, dit-il en plusieurs endroits, quand même il n’y aurait point de récompenses à espérer, il faudrait toujours l’aimer, parce qu’elle est à elle-même sa propre récompense ; si on l’aime pour elle-même ; on l’aimera toujours, etc.