qu’il avait dit, savoir : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Voilà comment Jésus gagna Nathanaël et se l’attacha très étroitement ; et aussi pour ne l’avoir pas blâmé d’avoir parlé de la sorte, et l’avoir même loué et admiré : Voilà par où Nathanaël connut que Jésus était véritablement le Christ ; à savoir par la découverte qui lui fut faite de sa propre pensée et de ses sentiments, Jésus lui ayant montré qu’il voyait et savait parfaitement ce qui se passait dans son cœur ; mais surtout parce qu’il ne le reprit pas de ce qu’il avait paru dire contre lui, et qu’au contraire il l’en loua. Jésus lui dit encore que c’était Philippe qui l’avait appelé, mais il passa sur le reste et ne lui parla point de ce qu’ils avaient dit ensemble, laissant cette tâche à sa conscience, et ne voulant point le confondre davantage.
3. Quoi donc ? Est-ce que Jésus vit seulement Nathanaël, lorsque Philippe l’appela ? ou ne l’avait-il pas vu auparavant avec cet œil qui ne dort jamais ? certainement il l’avait vu : que, personne n’en doute. Mais Jésus n’a dû dire alors que ce qui était nécessaire. Nathanaël confessa donc que Jésus était le Christ, en voyant un signe évident de sa prescience ; ses hésitations avaient prouvé sa sagesse ; son acquiescement démontra sa bonne foi. Car « il repartit à Jésus », dit le texte sacré : « Maître, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d’Israël (49) ». Ne voyez-vous pas là une âme qui subitement tressaille de joie ? Ne voyez-vous pas un homme qui, par ses paroles, embrasse Jésus ? Vous êtes, dit-il, celui qui est attendu et désiré. Ne le voyez-vous pas s’étonner, admirer, tressaillir et bondir de joie ?
Nous devons être aussi dans la joie, nous qui avons reçu la connaissance du Fils de Dieu ; nous devons, dis-je, non seulement nous réjouir au fond du cœur, mais encore marquer et exprimer au-dehors notre joie par nos œuvres mêmes. Mais cette joie, en quoi consiste-t-elle ? A être obéissants à celui que vous avez connu. Or, cette obéissance consiste à faire ce que veut Jésus-Christ : si nous faisons ce qui irrite sa colère, comment manifesterons-nous notre allégresse ? Ne voyez-vous pas que celui qui a reçu son ami dans sa maison, fait tout avec joie, qu’il court de tous côtés, qu’il n’épargne rien ; fût-il besoin de répandre même tout son bien, il est prêt à le faire, et cela uniquement pour plaire, à son ami. S’il n’accourait pas quand il l’appelle, s’il ne faisait pas toutes choses selon son désir et sa volonté, assurât-il même mille fois qu’il se réjouit de son arrivée, son hôte ne le croirait point, et ce serait avec raison : il faut en effet marquer sa joie par ses œuvres et par ses actions.
C’est pourquoi Jésus-Christ étant venu chez nous, montrons que nous nous en réjouissons et ne faisons rien qui puisse lui déplaire et le fâcher ; parons, ornons cette maison où il est venu : voilà ce qu’on doit faire quand on est dans la joie. Présentons-lui à manger ce qui est le plus de son goût : c’est là ce que doit faire celui qui est dans l’allégresse. Mais quelle est la nourriture que nous lui devons présenter ? Il nous l’apprend lui-même : « Ma nourriture », dit-il, « est de faire la volonté de celui qui « m’a envoyé ».(Jn. 4,34) Donnons-lui à manger lorsqu’il a faim ; donnons-lui à boire lorsqu’il a soif : quand vous ne lui donneriez qu’un verre d’eau froide, il le recevra, car il vous aime : les présents de l’ami, quelque petits qu’ils soient, paraissent grands à un ami. Seulement ne soyez point paresseux, ni lents à donner ; quand vous ne donneriez que deux oboles, il ne les rejettera point, mais il les recevra comme quelque chose de grand prix. En effet, n’ayant besoin de personne, et ces choses ne lui étant nullement nécessaires, c’est avec raison qu’il ne regarde point à la grandeur des dons, mais à l’intention et à la volonté de celui qui donne. Seulement faites voir que vous êtes content de l’avoir chez vous, qu’il n’est rien que vous ne soyez prêts à faire pour lui, et que sa présence vous réjouit.
Considérez quel amour il a pour vous ; c’est pour vous qu’il est venu, pour vous il a donné sa vie. Et après de si grands bienfaits, il ne refuse même pas de vous prier. Car, dit saint Paul : « Nous faisons la charge d’ambassadeur pour Jésus-Christ, et c’est Dieu même qui vous exhorte par notre bouche ». (2Cor. 5,20) Et qui est assez insensé pour ne pas aimer son Seigneur ? Et ce que je dis là, je sais qu’aucun de vous ne le démentira de la bouche ni du cœur. Mais celui que l’on aime veut qu’on lui marque son amour, non seulement par des paroles, mais encore par des œuvres. Dire que l’on aime, et ne point faire ce qu’ont coutume de faire ceux qui aiment, c’est sûrement une chose bien ridicule et devant Dieu et devant les hommes. Puis donc qu’il est non seulement inutile, mais encore
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