entrés dans la famille de Jésus. Ces exemples et ces vérités nous apprennent, mes frères, que nous avons besoin de la foi et de l’éclat de la vertu ; car c’est là uniquement ce qui nous pourra procurer notre salut.
Certes, pendant longtemps les parents de Jésus-Christ ont fait l’admiration de tous les hommes, et ont été appelés Desposynes[1] ; mais maintenant nous ignorons même leurs noms ; et au contraire les noms et la vie des apôtres sont célèbres par tout le monde. Ne nous glorifions donc pas de la noblesse de notre origine ; mais quand nous pourrions même nous vanter d’être issus d’un grand nombre d’aïeuls célèbres et illustres, efforçons-nous de surpasser leur vertu, sachant qu’au jugement futur nous ne retirerons aucun avantage du mérite d’autrui, et n’en serons au contraire jugés que plus sévèrement, si, nés de parents gens de bien, et ayant devant nos yeux un exemple domestique, nous n’imitons pas ceux que nous devons regarder comme nos modèles et nos maîtres.
Je dis maintenant ceci, parce que je vois bien des gentils qui, lorsque nous les exhortons à embrasser la foi et le christianisme, se couvrent de leurs parents et de leurs aïeux, et disent : Tous mes parents, mes amis et mes camarades sont de bons chrétiens. Et de quoi cela vous sert-il, misérables et malheureux que vous êtes ? Vous ne suivez pas vos camarades dans leur course, vous n’imitez pas leur vertu : c’est justement ce qui vous perdra.
D’autres encore, qui, à la vérité, sont fidèles, mais peu réglés dans leurs mœurs, apportent la même excuse, quand on les excite à la vertu : Mon père, mon aïeul, mon bisaïeul ont été des hommes d’une grande piété et d’une éminente vertu. Mais voilà précisément de quoi vous damner ; vous sortez de ces saints personnages et vous dégénérez, et vous faites des actions indignes d’une si belle origine Écoutez ce que le prophète dit aux Juifs « Jacob a été réduit à servir et à garder les « troupeaux pour avoir Rachel ». (Os. 12,12) Écoutez ce que dit Jésus-Christ : « Abraham votre père a désiré avec ardeur de voir mon jour : il l’a vu, et il en a été rempli de joie ». (Jn. 8,56) Où vous voyez que partout la vertu des ancêtres est produite non seulement comme un titre de gloire, mais encore comme un nouveau sujet d’accusation.
Puisque nous le savons, mes chers frères, faisons tous nos efforts pour nous sauver par nos propres œuvres, de peur que, comptant vainement sur celles d’autrui, nous ne connaissions que nous nous sommes trompés que lorsque cette connaissance nous sera inutile. Car, dit l’Écriture, « qui est celui qui vous confessera dans l’enfer ? » (Ps. 6,5) Faisons donc pénitence en ce monde, afin que nous puissions acquérir les biens éternels. Plaise à Dieu que tous nous les obtenions, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui la gloire et l’empire soient au Père et au Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.
- ↑ Desposynes, c’est-à-dire, ceux qui appartiennent au Maître, au seigneur.