Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/247

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HOMÉLIE XXXI.


LE PÈRE AIME LE FILS, ET IL LUI A MIS TOUTES CHOSES ENTRE LES MAINS. – CELUI QUI CROIT AU FILS, A LA VIE ÉTERNELLE : CELUI QUI NE CROIT PAS AU FILS, NE VERRA POINT LA VIE, MAIS LA COLÈRE DE DIEU DEMEURE SUR LUI. (VERS 35, 36 JUSQU’AU VERS. 12 DU CHAP. IV)

ANALYSE.

  • 1. La foi sans la bonne vie ne sert de rien pour le salut.
  • 2. Pourquoi Jésus-Christ se retire. – Origine des Samaritains.
  • 3. Vie laborieuse de Jésus-Christ. – Histoire de la Samaritaine.
  • 4. Continuation du même sujet. – Jésus-Christ abolit les observances du Judaïsme.
  • 5. Bel exemple que donne la Samaritaine de l’amour et du zèle qu’on doit avoir pour la parole de Jésus-Christ : elle invite les autres à venir l’entendre, les Juifs les en détournaient. – Faire ce qui n’est point agréable à Dieu, c’est vivre inutilement et pour la perte. – Nous rendrons compte du temps que nous avons perdu, pour l’avoir employé à des inutilités. – Dieu nous a mis, en ce monde pour y travailler pour l’autre. – L’âme est immortelle : Le corps sera aussi immortel, afin que nous jouissions des biens éternels. – Dieu nous offre lé ciel, et nous lui préférons la terre : outrage que nous faisons à Dieu.


1. L’expérience nous apprend, mes frères, qu’en toutes choses l’esprit de ménagement procure de grands biens et de grands avantages : ainsi l’on devient habile dans les arts, dont on a reçu d’un maître à peine les premiers éléments. Ainsi l’on bâtit les villes, mettant insensiblement et peu à peu une pierre l’une sur l’autre ; ainsi nous entretenons, nous conservons notre vie. Et ne vous étonnez pas que cette sage conduite ait tant de vertu et d’efficacité dans tout ce qui concerne cette vie, lorsqu’elle en a tant dans les choses spirituelles. C’est ainsi qu’on a pu arracher, les Juifs de – leur idolâtrie, en les ramenant et les persuadant peu à peu, eux qui au commencement n’avaient entendu rien de grand, rien de sublime, ni quant à la doctrine, ni quant aux mœurs. C’est ainsi encore, qu’après l’avènement de Jésus-Christ, lorsque le temps d’annoncer la sublime doctrine fut arrivé, les apôtres attiraient à eux tous les hommes, évitant de leur parler tout d’abord des choses grandes et élevées. C’est ainsi qu’en usait au commencement Jésus-Christ à l’égard de plusieurs. C’est ainsi qu’en use maintenant Jean-Baptiste : il parle de Jésus-Christ comme d’un homme admirable, et jette un voile sur ce qui dépasse la portée humaine. Au commencement il disait : « L’homme ne peut rien recevoir de soi-même » ; ensuite, après avoir ajouté quelque chose de grand, et dit : « Celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous », il baisse encore le ton, et dit entre autres choses : « Car Dieu ne lui donne pas son Esprit par mesure » ; et ensuite : « Le Père aime le Fils, et il lui a mis toutes choses entre les mains ». De là il arrive aux peines, sachant que la crainte du supplice est d’une grande utilité, et que plusieurs ne sont pas tant touchés dos promesses que des menaces ; et c’est enfin par où il finit, disant : « Celui qui croit au Fils, a la vie éternelle ; celui qui ne croit pas au Fils, ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ». Ici encore ce qu’il dit des peines, il le rapporte au Père, car il n’a pas dit la colère du Fils, quoique le Fils soit le juge ; mais il a nommé le Père pour effrayer davantage.
Ne suffit-il pas, direz-vous, de croire au Fils, pour avoir la vie éternelle ? Non. Écoutez ce que dit Jésus-Christ, qui le déclare par ces paroles : « Tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas dans le royaume des cieux ». (Mt. 7,21) Et le blasphème, contre le Saint-Esprit suffit pour nous faire jeter dans l’enfer. Et pourquoi parler d’un article de