c’est plutôt une grâce que l’effet de son mérite. Car il n’a pas dit qu’il a été délivré de ses peines pour son mérite, mais qu’il a été sauvé et guéri par la miséricorde de Dieu. Si cela n’était pas ainsi, il aurait dit : Vous voyez que vous avez été puni de vos péchés comme vous le deviez, prenez garde à vous à l’avenir. Or il ne lui parle point de la sorte, mais comment : « Vous voyez que vous avez été guéri, ne péchez plus à l’avenir ». Disons-le-nous souvent, mes frères, et quoique châtiés, quoique dans l’affliction, que chacun de nous se dise à soi-même : « Vous voyez que vous avez été e guéri, désormais ne péchez plus ». Que si, persévérant dans les mêmes fautes, nous n’en sommes point châtiés, répétons-nous ces paroles de l’apôtre : « La bonté de Dieu vous a invite à la pénitence. Et cependant, par notre « dureté et par l’impénitence de notre cœur, a nous nous amassons un trésor de colère ». (Rom. 2,4-5) Et non seulement en rétablissant son corps, mais encore autrement, Jésus-Christ donna au paralytique un grand témoignage de sa divinité. Car, en lui disant : « Ne péchez plus à l’avenir » ; il lui fit voir qu’il connaissait tous les péchés qu’il avait commis auparavant, et par conséquent qu’il devait désormais le juger digne de foi et croire en lui. « Cet homme s’en alla donc trouver les Juifs et leur dit que c’était Jésus qui l’avait guéri (15) ». Observez cette nouvelle marque de la reconnaissance de ce paralytique. Car il n’a point dit : C’est Jésus qui m’a dit : « Emportez votre lit ». En effet, comme les Juifs lui objectaient continuellement ce qui paraissait blâmable, lui, toujours il leur répond ce qui relevait la gloire de son médecin, et devait les gagner et les attirer. Il n’était ni assez stupide, ni assez ingrat pour trahir son bienfaiteur et parler malignement contre lui, après en avoir reçu une si grande grâce, et une grâce jointe à un avis si salutaire. Eût-il été barbare et inhumain comme une bête féroce, eût-il eu un cœur de pierre, le bienfait et la crainte auraient retenu sa langue. La menace que lui avait faite Jésus-Christ lui aurait encore fait craindre qu’il ne lui arrivât quelque chose de pire, ayant surtout éprouvé par lui-même jusqu’où pouvait aller le pouvoir d’un si grand médecin. D’ailleurs, s’il eût voulu le charger, le rendre blâmable, il aurait tu et caché sa guérison et il n’aurait parlé que de la violation du sabbat ; mais, au contraire, avec beaucoup de fermeté et d’assurance, avec un cœur reconnaissant, il célèbre la gloire de son bienfaiteur, en quoi il ne diffère point de l’aveugle qui disait : « Il a fait de la boue avec sa salive et il en a oint mes yeux » (Jn. 9,6) ; celui-ci dit tout de même : « C’est Jésus qui m’a guéri ».
« Et c’est pour cela que les Juifs persécutaient Jésus et voulaient le faire mourir, parce qu’il faisait ces choses le jour du sabbat (16) ». Que répondit donc Jésus-Christ ? Mon Père ne cesse point d’agir jusqu’à présent, et j’agis aussi incessamment ». (Jn. 5,17) Quand il s’agissait de défendre ses disciples, Jésus produisait aux Juifs le témoignage de David, leur compagnon : « N’avez-vous point lu », leur disait-il, « ce que fit David, se voyant pressé de la faim ? » (Mt. 12,3) Mais quand il parle pour lui-même, il cite l’exemple de son Père, montrant par l’un et par l’autre qu’il est égal à son Père, et lorsqu’il le nomme son propre Père, et lorsqu’il fait voir qu’il opère les mêmes œuvres que lui. Et pourquoi Jésus ne rapporte-t-il pas les miracles qu’il a faits auprès de Jéricho ? (Mt. 12,29) Il les voulait tirer de leurs idées charnelles et grossières, et faire qu’ils ne le regardassent plus comme « purement » homme, mais qu’ils vinssent et recourussent à lui comme à Dieu et à leur Législateur. Car s’il n’était pas Fils de Dieu et de la même substance, la défense qu’il, produisait était pire que l’accusation. En effet, si un magistrat, accusé d’avoir transgressé la loi de son roi, s’excusait sur ce que le roi l’aurait lui-même transgressée, il ne serait pas pour cela absous de son crime, mais au contraire il serait regardé comme plus coupable et plus digne de châtiment ; mais ici, où la dignité est égale, la défense est tout à fait juste et légitime : pour la même raison que vous justifiez Dieu, justifiez-moi. Voilà pourquoi, avant toutes choses, le Sauveur dit : « Mon Père », afin de les forcer malgré eux de reconnaître en lui une même autorité et une même puissance, en l’honorant comme vrai Fils de Dieu.
Que si quelqu’un dit : Et où est-ce que le Père agit, lui qui s’est reposé le septième jour (Gen. 2,2) après ses ouvrages ? Qu’il apprenne de quelle manière Dieu agit. Comment donc agit-il ? Il gouverne et conserve ses ouvrages par sa providence. Lors donc que vous voyez le lever du soleil, le cours de la lune, les
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