Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/288

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elle qui, dans cette vie, nous rend illustres, et qui nous suit dans l’autre ; c’est elle qui nous délivre de toute servitude charnelle.
Attachés à la terre et aux choses terrestres, maintenant nous sommes misérablement esclaves de la chair. Soit que vous alliez vous promener sur la place publique, soit que vous entriez dans votre maison, soit que vous alliez dans les rues, dans les lieux d’assemblées, dans les hôtelleries ; si vous montez sur un vaisseau pour naviguer, si vous allez dans une île, ou dans les palais des rois, si vous suivez le barreau, ou si vous allez au sénat, partout vous trouverez les sollicitudes de ce siècle, et vous verrez s’occuper, avec mille fatigues, des choses de ce monde, les voyageurs, les citoyens, les navigateurs, les laboureurs, ceux qui demeurent à la campagne, ceux qui habitent la ville ; en un mot, tous les hommes.
Quelle espérance pouvons-nous avoir de notre salut, nous qui, habitant la terre de Dieu, ne songeons nullement aux choses de Dieu ? La Loi nous commande de vivre ici en étrangers, et nous sommes étrangers à l’égard du ciel, et habitants du monde. N’est-ce pas là une stupidité monstrueuse ? Tous les jours on nous parle du jugement et du royaume des cieux, et nous ne craignons pas d’imiter ceux qui vivaient au temps de Noé, et les habitants de Sodome (Mt. 24,37 ; Gen. 13,13 ; 18,19) ; nous attendons l’expérience pour nous instruire. Mais si toutes ces choses sont écrites, c’est afin que celui qui ne croit pas ce qui doit arriver apprenne du passé à lire dans l’avenir. Méditons donc ces vérités, mes frères, tant celles qui ont eu leur accomplissement, que celles qui s’accompliront infailliblement un jour, et secouons un peu le joug rigoureux de, notre servitude : ayons quelque soin de notre âme, afin que nous acquérions les biens présents et les biens futurs, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l’empire, dans tous les siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXXIX.


LE PÈRE NE JUGE PERSONNE, MAIS IL A DONNÉ AU FILS TOUT POUVOIR DE JUGER. – AFIN QUE TOUS HONORENT LE FILS, COMME ILS HONORENT LE PÈRE. (VERS. 22, 23, JUSQU’AU VERS. 30)

ANALYSE.

  • 1. Craindre le jugement dernier.
  • 2. Pourquoi Jésus-Christ use de paroles simples. – Sabellien enseignait qu’il n’y a qu’une seule personne en Dieu.
  • 3. Jésus-Christ parle souvent du jugement de la vie, de la résurrection, pourquoi ?
  • 4. Deux volontés en Jésus-Christ, comment?
  • 5. Dans l’étude de l’Écriture sainte ne rien passer, examiner les circonstances, sonder, peser tout, ne pas s’excuser sur son ignorance, sur sa simplicité. – Il est ordonné d’être prudent. – Pardonner aux autres, afin que le Seigneur nous pardonne : refuser le pardon aux autres, c’est se le refuser à soi-même. – Pardonner de môme que Jésus-Christ nous a pardonné. – Ce qu’il faut faire pour acquérir la vie éternelle. – Recommandation de l’aumône.


1. Il faut, mes très-chers frères, il faut en toutes choses user d’une grande attention ; car nous rendrons un compte exact, et de nos paroles et de nos œuvres. Nos affaires ne sont pas limitées dans tes bornes étroites de cette vie, mais une autre vie nous attend, et nous comparaîtrons tous au redoutable jugement du Seigneur. « Nous devons tous comparaître », dit saint Paul, « devant le tribunal de Jésus-Christ, afin que chacun reçoive ce qui est