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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/299

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de foi. Et ce qui est encore plus grand et plus considérable, c’est qu’ils ne l’envoyèrent pas questionner sur Jésus-Christ, mais sur lui-même ; or, celui qu’ils regardaient comme un homme digne de foi, dans le témoignage qu’il porterait de lui-même, à plus forte raison le tenaient-ils pour tel dans celui qu’il rendrait d’un autre. Il est de coutume, parmi nous autres mortels, de ne pas croire autant ceux qui parlent d’eux-mêmes, que ceux qui parlent d’autrui. Mais pour Jean-Baptiste, ils le croyaient si sincère et si digne de créance, que lors même qu’il parlait de foi, il n’avait besoin d’aucun autre témoignage. Et en effet, les députés ne lui firent pas cette demande Que dites-vous de Jésus-Christ ? Mais. « Qui êtes-vous ? Que dites-vous de vous-même ? » Tant était grande leur considération et leur admiration pour lui ! Jésus-Christ donc fait allusion à tout cela, en disant : « Vous avez envoyé à Jean ». Voilà pourquoi aussi l’évangéliste ne dit pas seulement que les Juifs avaient envoyé à Jean ; mais encore il marque, en termes exprès, que les députés étaient des prêtres et des pharisiens, des hommes considérables, incapables de se laisser corrompre ou tromper, et parfaitement en état de bien entendre sa réponse.
« Pour moi ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage (34) ». Pourquoi recevez-vous donc le témoignage de Jean ? C’est que sûrement son témoignage n’était pas le témoignage d’un homme. « Celui », dit Jean-Baptiste, « qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, m’a dit ». (Jn. 1,33) Ainsi le témoignage de Jean était le témoignage de Dieu : ce qu’il disait, il l’avait appris de Dieu. Mais afin que les Juifs ne disent pas : où est la preuve que ce que Jean a dit ? il l’a appris de Dieu, et que de là ils ne prissent occasion d’une nouvelle dispute, Jésus-Christ leur ferme absolument la bouche, en se plaçant encore au point de vue de leur opinion. Car il n’y avait nulle apparence que bien des gens connussent que Jean était l’organe de Dieu ; mais ils l’écoutaient comme parlant de lui-même sans autre impulsion. Voilà pourquoi Jésus-Christ dit : « Pour moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage ».
Mais si vous ne deviez pas recevoir le témoignage d’un homme, et si vous ne vouliez pas vous en servir, pourquoi avez-vous produit ce témoignage ? De peur donc que les Juifs ne lui fissent cette objection, il la prévient, voyez comment : Après avoir dit : « Ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage », il ajoute : « Mais je dis ceci afin que vous soyez sauvés ». C’est-à-dire : Je n’avais pas besoin du témoignage d’un homme, étant Dieu ; mais comme vous n’avez des yeux et des oreilles que pour Jean que vous le croyez le plus digne de foi de tous les hommes ; que vous accourez à lui comme à un prophète (toute la ville allait en foule le trouver auprès du Jourdain), et que moi, vous ne m’avez pas cru, lors même que j’ai opéré des miracles : voilà pourquoi je vous apporte ce témoignage.
« Jean était une lampe ardente et luisante, et vous avez voulu vous réjouir pour un peu de temps à la lueur de sa lumière(35)». De peur que les Juifs ne répliquassent : Et bien, Jean a rendu témoignage de vous, mais nous n’avons pas reçu son témoignage ; Jésus-Christ fait voir qu’ils l’ont reçu. Car il n’avait pas député à Jean des hommes du commun, mais des prêtres et des pharisiens ; tant ils admiraient cet homme, et étaient incapables de résister à ses paroles ! Ce mot : « Pour un peu de temps », marque leur légèreté et leur extrême inconstance, en ce qu’ils l’avaient si tôt quitté et si promptement oublié.
« Mais pour moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean (36) ». Si vous vouliez recevoir la foi en considérant l’admirable enchaînement des choses qui se passent devant vous, je vous y aurais bien mieux et plus facilement amenés par mes œuvres ; mais comme vous ne le voulez pas, je vous renvoie à Jean non que j’aie besoin de son témoignage, mais parce que je fais tout pour procurer votre salut : J’ai dans mes œuvres un témoignage plus grand que celui de Jean. Mais je ne cherche pas seulement, pour me recommander à vous, des témoins dignes de foi, mais encore des témoins connus et vénérés parmi vous. Ainsi, après les avoir repris par ces paroles : « Vous avez voulu vous réjouir pour un peu de temps à la lueur de sa lumière », et leur avoir fait connaître que leur zèle n’avait été qu’un feu volage et passager, il appelle Jean une lampe, pour leur montrer que la lumière qu’il avait ne venait pas de lui, mais de la grâce du Saint-Esprit. Toutefois, il n’a pas encore marqué en quoi il différait de Jean à savoir qu’il était lui-même le soleil de justice ; mais l’ayant seulement