prend en tout par leurs propres paroles. Et par où saurons-nous, diront les Juifs, que Moïse doit être notre accusateur, et que vous ne parlez pas en l’air ? Qu’y a-t-il de commun entre vous et Moïse ? vous n’avez point gardé le sabbat qu’il a ordonné de garder : comment donc se portera-t-il pour accusateur contre nous ? Et comment, prouverez-vous que nous croirons en un autre qui viendra en son propre nom ? Toutes ces choses vous les dites sans témoins et sans preuves. Bien au contraire, elles trouvent toutes leurs preuves dans ce que j’ai dit ci-dessus : puisque, par mes œuvres, par le témoignage de Jean par celui du Père, il est évident et certain que c’est Dieu qui m’a envoyé, sûrement il l’est aussi que Moïse sera votre accusateur. En effet, qu’a dit Moïse ? « S’il vient quelqu’un qui fasse des prodiges et des miracles, qui amène à Dieu, et qui prédise véritablement l’avenir, ne faudra-t-il pas le croire ? (Deut. 13,1) Jésus-Christ n’a-t-il pas fait toutes ces choses ? Il a opéré de vrais miracles dont on ne peut contester la vérité, il a attiré tous les hommes à Dieu, il a confirmé ses prédictions par l’accomplissement des choses qu’il a prédites. Mais où est la preuve que les Juifs croiront à un autre ? En ce qu’ils ont haï et persécuté Jésus-Christ. Ceux qui se déclarent contre celui qui vient avec l’aveu de Dieu recevront sans doute celui qui est son ennemi. Au reste, si le Sauveur, après avoir dit : « Ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage », cite maintenant Moïse, ne vous en étonnez pas, ce n’est point à Moïse qu’il renvoie les Juifs, mais à la sainte et divine Écriture : et parce qu’ils la craignaient moins que leur législateur, il le leur présente en personne comme leur accusateur, pour leur inspirer plus de crainte et d’effroi. Après quoi il réfute un à un tous leurs discours.
Donnez à ceci, mes frères, toute votre attention : les Juifs disaient qu’ils persécutaient Jésus pour l’amour de Dieu ; et Jésus-Christ leur montre que c’est par haine de Dieu qu’ils le persécutent. Les Juifs se vantaient d’être attachés à Moïse, et le Sauveur leur prouve que leur persécution venait de ce qu’ils ne croyaient point à Moïse ;, car s’ils étaient zélés pour la loi, ils devaient recevoir celui qui accomplissait la loi. S’ils aimaient Dieu, ils auraient dû croire à celui qui attirait à Dieu ; s’ils croyaient à Moïse ; il fallait qu’ils adorassent celui qu’il a lui-même prédit. Puisqu’avant de refuser de me croire, vous avez refusé de croire à Moïse ; que maintenant vous me chassiez, moi qu’il vous a annoncé ; c’est de quoi on ne doit nullement s’étonner. Comme donc Jésus-Christ fait voir que ceux qui admiraient Jean le méprisaient eux-mêmes en se déclarant contre lui, Jésus, et le persécutant ; de même, il prouve que ces mêmes Juifs, lorsqu’ils s’imaginaient croire Moïse, ne le croyaient point ; et il rétorque contre eux tout ce qu’ils alléguaient pour se justifier. Je suis si éloigné, dit-il, de vous détourner de la loi ; que j’appelle à témoin contre vous votre législateur même. Jésus-Christ déclare donc que les Écritures rendent ce témoignage : mais où ? il ne le marque pas, et c’est pour leur inspirer plus de crainte et de terreur, et les engager à chercher, à examiner et à l’interroger. S’il leur avait marqué les endroits, sans qu’ils l’eussent demandé, ils auraient rejeté le témoignage. Mais pour peu qu’ils fissent attention à ce que leur disait Jésus-Christ, avant toutes choses ils l’interrogeraient et s’instruiraient auprès de lui. Voilà pourquoi, non seulement il leur donne des preuves et des témoignages clairs et évidents, mais souvent aussi il leur fait des reproches et des menaces, pour les ramener du moins par la crainte : et cependant ils gardent le silence. Telle, en effet, est la malice.: quoi qu’on dise ou qu’on fasse, elle ne change point, elle conserve toujours son venin.
3. C’est pourquoi il faut, mes frères, se dépouiller de toute malice et se garder d’user d’artifice et de déguisement. « Car Dieu envoie », dit l’Écriture, « des voies perverses « aux pervers ». (Prov. 21,8, LXX) Et : « L’Esprit-Saint, qui est le maître de la science, fuit le déguisement, et il se retire des pensées qui sont sans intelligence ». (Sag. 1,5) Rien ne rend l’homme si fou que la malice. Un fourbe, un homme pervers, ingrat (car tout cela tient à la malice), un homme qui persécute ceux qui ne l’offensent pas, qui emploie contre eux l’artifice et le déguisement, ne donne-t-il pas les marques d’une extrême folie.
Rien, au contraire, n’inspire plus de prudence que la vertu : elle rend l’homme reconnaissant, honnête, miséricordieux, doux, humble, modeste : c’est elle qui produit toutes les sortes de biens. Et qu’est-il de plus
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