tout le monde : comme donc ils devaient un jour recevoir cette grâce, et qu’elle ne leur avait point encore été donnée, voilà pourquoi l’évangéliste dit : « L’Esprit n’était pas encore ». Et sûrement c’est de cette grâce qu’il parle, quand il dit : « Le Saint-Esprit n’était pas encore, à savoir, donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié », appelant gloire ou glorification la croix du Sauveur. Comme nous étions des ennemis de Dieu, des pécheurs, privés de la grâce du Seigneur, des impies, et que la grâce est un signe de réconciliation ; comme aussi ce n’est : ni à ses ennemis, ni à ceux qu’on hait que l’on fait du bien, mais à ses amis, mais à ceux qu’on croit gens de bien, il a donc fallu offrir pour nous auparavant un sacrifice d’expiation ; il a fallu que l’inimitié fût détruite dans la chair et que nous devinssions amis de Dieu avant de recevoir son présent. Et s’il y à eu un sacrifice offert, lorsque la promesse a été faite, à Abraham, il fallait, à plus forte raison, en offrir un sous le régime de grâce ; c’est là ce que déclare saint Paul par ces paroles : « Que si ceux qui appartiennent à la loi sont les héritiers, la foi dévient inutile et la promesse de Dieu sans effet ; car la loi produit la colère » (Rom. 4,14-15), c’est-à-dire Dieu a promis à Abraham et à sa postérité de lui donner la terre « de Chanaan » ; mais là postérité d’Abraham s’est trouvée indigne de la promesse et n’a pu se rendre agréable à Dieu par ses propres œuvres. C’est pourquoi la foi, qui est une chose facile, est venue dans le monde afin d’attirer la grâce et afin que les, promesses de Dieu ne fussent pas sans effet ; et c’est encore pour cette raison que le même apôtre, parlant de la foi, dit : « Afin que nous soyons héritiers par grâce, et que la promesse demeure ferme ». (Id. 16) Par grâce, attendu que les enfants d’Abraham n’avaient pu l’acquérir ni par leur travail, ni par leurs sueurs.
Mais pourquoi Jésus-Christ ayant dit : « Selon l’Écriture », n’en a-t-il pas apporté des témoignages ? C’est parce que l’esprit des Juifs était prévenu. Car les uns disaient : « Cet homme est le prophète, celui que nous attendons (40) ». D’autres : « Il séduit le peuple (12) ». D’autres : « Le Christ ne viendra pas de Galilée, mais de la petite ville de Bethléem (41, 42) ». Et d’autres : « Quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est (27) ». Ainsi leurs opinions étaient partagées, comme il arrive dans les troubles populaires. En effet, ils ne voulaient pas écouter, ne tenaient pas à s’instruire. Voilà pourquoi Jésus ne leur répond rien-, quoiqu’il y en eût qui disent : « Le Christ viendra-t-il de Galilée ? », Mais il loua Nathanaël comme un vrai israélite, quoiqu’il parlât avec plus de force et de dureté, et qu’il dît avec mépris : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Mais les premiers et ceux qui disaient à Nicodème : « Lisez avec soin les Écritures, et apprenez qu’il ne sort point de prophète de Galilée (52) », ne parlaient point pour savoir qui il était, mais pour écarter et détruire l’opinion que répandaient ceux qui disaient : « Il est le Christ ». En ce qui concerne Nathanaël, c’était l’amour de la vérité et la connaissance des anciennes prophéties qui le faisaient parler comme il fit mais ceux-là n’avaient en vue que de détourner le peuple de la pensée que Jésus était le Christ, voilà pourquoi Jésus ne les instruisit point. Car des gens qui se contredisaient, qui tantôt disaient : « Personne ne saura d’où il est », et tantôt : « Il viendra de Bethléem », eussent-ils véritablement appris qu’il était le Christ, ils n’auraient sûrement pas manqué de le contester. Que parce qu’il avait demeuré à Nazareth, ils ignorassent qu’il était de Bethléem, je le passe, quoiqu’en cela même, ils ne soient point excusables, puisque Jésus n’était point né à Nazareth ; mais sa généalogie, pouvaient-ils de même la méconnaître, pouvaient-ils ignorer qu’il était de la maison et de la famille de David ? Comment donc disaient-ils : « Le Christ ne viendra-t-il pas de la race de David ? » Voilà précisément par où ils lâchaient d’obscurcir et de cacher sa naissance, et de suborner le peuple parles discours qu’ils semaient.
Mais pourquoi ne vinrent-ils pas dire à Jésus-Christ : Maître, nous admirons votre doctrine et vos œuvres, mais puisque vous voulez que nous croyions en vous, conformément à ce qu’enseignent les Écritures, apprenez-nous pourquoi elles annoncent que le Christ viendra de Bethléem, et pourquoi vous êtes venu de Galilée ? Mais ils ne dirent rien de cela, et la malignité dictait seule tous leurs propos. L’évangéliste fait bien voir qu’ils ne cherchaient point à le connaître, ou même qu’ils ne le voulaient point, puisqu’il ajoute incontinent : « Quelques-uns d’entre eux avaient envie de le perdre ; mais néanmoins personne
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