Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

-Christ ? Qu’il est égal à son Père ; c’est pour cette vérité que les Juifs cherchaient à le faire mourir, comme il le dit lui-même : « Vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j’ai apprise de mon Père ». Pour vous faire voir que ce qu’il dit n’est point contraire à son Père, il s’en autorise encore. « Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants de la fornication ; nous n’avons tous qu’un père qui est Dieu (41) ». Que dites-vous ? Que vous avez Dieu pour père, et vous accusez et vous condamnez Jésus-Christ pour avoir dit la même chose ! Ne voyez-vous pas que Jésus a dit que Dieu était son Père d’une manière particulière ?
3. Comme donc le Sauveur avait dépossédé les Juifs de leur prétendue filiation d’Abraham, n’ayant rien à répliquer, ils ont la hardiesse de monter plus haut et de s’arroger la qualité d’enfants de Dieu ; mais Jésus-Christ les dégrade encore de cette dignité en leur disant « Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez parce que je suis sorti de Dieu, et que je viens » dans le monde, « car je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé (42). Pourquoi ne connaissez-vous point mon langage ? Parce que vous ne pouvez ouïr ma parole (43). Vous êtes les enfants du diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n’est point demeuré dans la vérité. Lorsqu’il dit des mensonges, il dit ce qu’il trouve dans lui-même (44) ». Jésus-Christ a dépossédé et exclu les Juifs de la filiation d’Abraham, et comme ils ont osé s’élever à une grande et plus haute dignité, il les abat et leur porte enfin le coup qui les terrasse, en leur disant : non seulement vous n’êtes point les enfants d’Abraham, mais vous êtes même les enfants du diable ; par là il les frappe aussi durement que le mérite leur impudence, et il ne laisse pas cette accusation sans preuve ; il la démontre, au contraire : tuer, dit-il, c’est le fait d’une méchanceté diabolique. Et il n’a pas simplement dit : Vous faites les œuvres du diable, mais vous accomplissez ses désirs, montrant que les Juifs, comme le diable, sont portés au meurtre, et cela par envie.
Car le diable a tué Adam, uniquement pour satisfaire son envie. Jésus-Christ l’insinue ici maintenant. « Et il n’est point demeuré dans la vérité », c’est-à-dire, dons la droiture, dans la probité. Comme les Juifs accusaient souvent Jésus de n’être point envoyé de Dieu, il leur répond que c’est le diable qui leur suggère cette accusation ; car c’est lui qui le premier a enfanté et produit le mensonge, lorsqu’il a dit : « Aussitôt que vous aurez mangé de ce fruit, vos yeux seront ouverts ». (Gen. 3,5) C’est lui aussi qui le premier l’a mis en œuvre. En effet, les hommes ne s’en servent pas comme d’une chose qu’ils trouvent en eux-mêmes, mais comme d’une chose empruntée. Le diable en use comme de sa propriété.
« Mais pour moi, quoique je vous dise la vérité, vous ne me croyez pas (45) ». Quelle est la suite des idées ? Vous voulez me faire mourir sans me dire de quoi l’on m’accuse. Vous ne me persécutez que parce que vous êtes ennemis de la vérité ; si ce n’est pas pour cela, montrez-moi mon péché. Voilà pourquoi il continue ainsi : « Qui de vous me peut, convaincre d’aucun péché (46) ? » Sur cela ils répondent : « Nous ne sommes pas des enfants de la fornication ». Et néanmoins plusieurs l’étaient, puisqu’ils étaient dans la coutume de faire des mariages illicites. Mais ce n’est point là ce qu’il veut leur reprocher, il s’en tient au premier point. Leur ayant fait voir qu’ils n’étaient pas les enfants de Dieu, mais les enfants du diable ; il part de tout cela. (Tuer et mentir, leur dit-il, ce sont là des actions dignes du diable et vous faites l’une et l’autre), pour nous apprendre que c’est à l’amour qu’on reconnaît les enfants de Dieu.
« Pourquoi ne connaissez-vous point mon langage ? » Comme ils étaient toujours flottants, toujours dans le doute, et qu’ils ne cessaient point de répéter ces paroles : « Que veut-il dire, vous ne sauriez venir où je vais ? A Jésus dit : « Vous ne connaissez point mon langage, parce que vous ne pouvez ouïr ma parole. » Et cela vient de ce que vous avez un esprit bas et rampant, et que ma doctrine est trop élevée. Mais s’ils ne pouvaient pas la comprendre, quel blâme, quel reproche leur faire ? C’est qu’ici ne pouvoir pas, c’est la même chose que ne vouloir pas ; vous ne le pouvez pas, parce que vous êtes habitués à ramper toujours, et que vous n’élevez jamais vos pensées à rien de grand. Et encore, les Juifs voulant faire entendre qu’ils ne le persécutaient que par zèle pour Dieu, Jésus s’attache partout à montrer que le persécuter, c’est haïr Dieu ; que l’aimer, au contraire, ce serait connaître Dieu.