ont écoutés, et c’est par eux qu’ont cru en Jésus-Christ, tous ceux qui ont cru en lui ; mais il parle de Théodas, de judas et des autres séditieux. De plus, ces paroles : les brebis ne les ont point écoutés, il les dit à la louange des brebis. Or, jamais il ne loue ceux qui n’ont point écouté les prophètes ; au contraire, il les blâme et les reprend fortement : d’où il est évident que c’est de ces séditieux que le Sauveur dit que les brebis ne les ont point écoutés.
« Le voleur ne vient que pour voler, pour égorger et pour perdre (10) ». Comme il arriva dans la sédition de Théodas, où tous furent égorgés et massacrés. « Mais pour moi, à je suis venu, afin que » les brebis « aient la « vie, et qu’elles l’aient plus abondamment ». Qu’est-ce, je vous prie, qu’une vie plus abondante ? C’est le royaume des cieux. Mais il ne le dit pas encore, et il se sert du nom de vie, comme désignant une chose qui leur est connue. « Je suis le bon pasteur (11) ». Ici enfin Jésus-Christ parle de sa passion, il fait voir qu’il souffrira pour le salut du monde, et qu’il n’ira point à la mort malgré lui.
Après cela le divin Sauveur apporte encore un moyen de reconnaître le pasteur et le mercenaire. « Car le bon pasteur », dit-il, « donne sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire, et celui qui n’est point pasteur et à qui les brebis n’appartiennent pas, voyant venir le loup, abandonne les brebis et s’enfuit : et le loup vient et les ravit (12) ». Par ces paroles Jésus-Christ montre qu’il est égal à son Père en puissance et – en autorité ; car il est lui-même le pasteur, à qui les brebis appartiennent. Ne remarquez-vous pas, mon cher auditeur, que dans les paraboles Jésus-Christ parle d’une manière plus élevée, parce que le discours y est plus enveloppé et plus obscur, et n’y donne pas manifestement prise aux critiques des auditeurs ? « Le mercenaire voit venir le loup et il abandonne les brebis ; et le loup vient et les ravit ». C’est là ce qu’ont fait les faux christs ; mais le vrai Christ a fait tout le contraire ; lorsqu’on l’a pris, il a dit : « Laissez aller ceux-ci », afin que cette parole fût accomplie : « Nul d’eux ne s’est perdu ». (Jn. 17,12) On peut aussi en cet endroit entendre le loup spirituel, à qui Jésus n’a point permis de ravir les brebis. Celui-là n’est pas seulement un loup, mais encore un lion : « Car le démon, notre ennemi, tourne autour de nous comme un lion rugissant ». (1Pi. 5,8) Il est le serpent et le dragon : « Foulez aux pieds les serpents et les scorpions ». (Lc. 10,19)
4. C’est pourquoi je vous conjure ; mes chers frères, de demeurer sous la conduite du pasteur. Nous y demeurerons, si nous écoutons sa voix, si nous lui obéissons, si nous ne suivons point un étranger. Et quelle est la voix qu’il fait entendre ? « Bienheureux les pauvres d’esprit : bienheureux ceux qui ont le cœur pur : bienheureux ceux qui sont miséricordieux ». (Mc. 5,3, 7, 8) Si nous observons ces choses nous demeurerons sous la garde du pasteur, et le loup ne pourra point trouver d’entrée dans nous : mais quand même il se jetterait sur nous, ce serait à sa confusion et à sa perte. Car nous avons un pasteur qui nous aune si fort, qu’il a donné sa vie pour nous, Puis donc que notre pasteur est tout-puissant et nous aime, qu’y a-t-il qui puisse nous en pêcher de faire notre salut ? Rien, si nous ne faisons pas nous-mêmes défection. Et en quoi consisterait cette défection ? Écoutez-le, il vous l’apprend : « Vous ne pouvez servir deux maîtres, Dieu et les richesses ». (Mt. 6,24) Si donc nous servons Dieu, nous échapperons à la tyrannie des richesses. Rien de plus tyrannique, en effet, que l’amour des richesses : il ne nous laisse aucun plaisir, mais il nous plonge dans les inquiétudes, dans l’envié ; il nous fait tomber dans des pièges, il suscite les haines, les calomnies, et mille choses qui sont autant d’obstacles pour la vertu ; il nous jette dans l’oisiveté, dans la mollesse, dans l’avarice, dans l’ivrognerie, dans tous ces vices qui changent les hommes libres en esclaves, et lés rendent plus misérables que les esclaves : oui, dis-je, ils les rendent esclaves, non des hommes, mais de la plus terrible de toutes les maladies de l’âme.
Celui qui est atteint de cette maladie n’hésite plus à faire mille choses qui déplaisent à Dieu et aux hommes, et il ne craint rien tant que quelqu’un ne le délivre de son esclavage. O dure servitude ! ô domination diabolique ! En effet, est-il un état plus affreux et plus misérable ? Nous sommes accablés d’une infinité de maux et nous en avons de la joie ; nous sommes dans les fers et nous aimons nos chaînes. Logés dans une obscure prison, nous refusons la lumière qu’on nous présente ; loin de là, nous cherchons à accumuler nos maux
Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/395
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée