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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/415

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« Et comme Béthanie n’était éloignée de Jérusalem que d’environ quinze stades (18) », cela marque que plusieurs personnes de Jérusalem devaient être venues à Béthanie ; et, en effet, l’évangéliste ajoute incontinent que quantité de Juifs étaient venus voir Marthe et Marie pour les consoler (19). Comment les Juifs allèrent-ils consoler celles que Jésus-Christ aimait, ayant résolu ensemble que quiconque reconnaîtrait Jésus pour être le Christ, serait chassé de la synagogue ? Ils furent visiter Marthe et Marie, ou à cause de leur grande affliction, ou parce qu’ils les honoraient comme des personnes respectables pour leur qualité, ou peut-être ce sont ici ces Juifs qui n’étaient pas méchants ; car plusieurs d’entre eux crurent en Jésus-Christ. Au reste, l’évangéliste rapporte ces choses pour confirmer la mort de Lazare. Pourquoi enfin Marthe fut-elle seule au-devant de Jésus-Christ, sans se faire accompagner de sa sœur ? Elle voulut voir Jésus en particulier et apprendre ensuite à sa sœur ce qu’il aurait dit. Mais aussitôt que le Sauveur lui eût donné une bonne espérance, elle fut prendre Marie, qui accourut promptement, malgré l’affliction où elle était.
Remarquez-vous la grandeur de son amour ? C’est d’elle que Jésus a dit : « Marie a choisi « la meilleure part qui ne lui sera point ôtée ». (Lc. 10,42) Comment donc, direz-vous, Marthe paraît-elle maintenant avoir plus d’empressement et d’ardeur ? Ce n’est pas pour cela que Marthe eut plus d’ardeur, mais c’est que marie n’avait point appris l’arrivée de Jésus. Marthe était ta plus faible, puisqu’ayant ouï tout ce que le Sauveur lui avait dit de consolant sur la mort de son frère, elle répond pourtant encore : « Il sent déjà mauvais, car il y a quatre jours qu’il est là ». Mais Marie, quoiqu’elle n’eût point encore appris ce que Jésus avait répondu à sa sœur, ne dit rien de semblable, mais elle crut aussitôt, et dit : « Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère e ne serait pas mort ».
3. Considérez quelle sagesse font paraître ces femmes, malgré la, faiblesse d’esprit naturelle à leur sexe. A la vue de Jésus-Christ, elles ne se répandent pas aussitôt en pleurs, en cris, en gémissements, comme nous avons coutume de faire, lorsqu’étant dans le deuil et dans l’affliction, nous voyons arriver quelqu’un de notre connaissance : celles-ci, au contraire, aussitôt qu’elles voient leur Maître, elles lui rendent hommage. Véritablement, elles croyaient toutes les deux en Jésus-Christ, mais non comme il fallait y croire. Car elles ne le connaissaient pas encore parfaitement ; elles ne le connaissaient pas comme Dieu ; elles ne savaient pas qu’il agissait par sa propre puissance et par son autorité : le Sauveur leur apprit l’une et l’autre chose. Qu’elles ignoraient que Jésus était Dieu, et qu’il agissait par son autorité et sa propre puissance ; ces paroles : « Dieu vous accordera tout ce que vous lui demanderez (22) », qu’elles ajoutent à celles-ci : « Si vous eussiez été ici, notre frère ne serait pas mort », le font manifestement voir. Elles lui parlent comme d’un homme d’une grande vertu, comme d’un homme illustre et célèbre.
Mais voyez ce que leur répond Jésus-Christ « Votre frère ressuscitera (23) » ; par là il réfute, il rejette ces paroles : « Tout ce que vous demanderez ». Il n’a point dit : Je demanderai, mais quoi ? « Votre frère ressuscitera ». S’il eût dit : O femme ! regardez-vous encore la terre ? Je n’ai nullement besoin d’un secours étranger, je fais tout par moi-même, ces paroles auraient fait de la peine à cette femme, elles l’auraient offensée. Mais en disant : « Votre frère ressuscitera », le Sauveur tient un milieu, et par les paroles qui suivent il a insinué ce que je viens de dire. Marthe ayant dit : « Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection » qui se fera « au dernier jour (24) », Jésus-Christ lui découvre plus clairement son pouvoir par sa réponse : « Je « suis la résurrection et la vie (25) » ; lui montrant qu’il n’a nullement besoin du secours d’autrui, puisqu’il est lui-même la vie. S’il avait besoin de l’assistance d’un autre, comment serait-il lui-même la résurrection et la vie ? A la vérité, il ne l’a pas si clairement expliqué, mais néanmoins il en a assez dit pour le faire entendre. Et encore, Marthe avant répondu : « Tout ce que vous demanderez », etc. Jésus lui explique : « Celui qui croit en moi, quand il serait mort, vivra » faisant connaître que c’est lui qui distribue tous les biens, et que c’est à lui qu’il faut s’adresser pour les obtenir.
« Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point à jamais (26) ». Considérez de quelle manière le Sauveur élève l’esprit de Marthe ; car son œuvre n’était pas limitée à la seule résurrection de Lazare. Il fallait aussi