une même chose ». (Id. 10,30) Quand il, parlait de son pouvoir, il disait : « Car comme le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il lui plaît » (id. 5,21) : ce qu’il n’aurait pu faire, s’il eût été d’une autre substance. Et quand il l’aurait pu faire, il n’aurait pas dû le dire, de peur que les Juifs ne soupçonnassent et ne crussent que c’était une seule et même substance. Si, de peur qu’ils ne pensent et ne soupçonnent qu’il est contraire à Dieu, il dit même souvent des choses qui sont au-dessous de lui, et qui ne conviennent point à sa nature, à plus forte raison aurait-il dû le faire alors, et dans ces occasions. Mais à présent ces paroles qu’il dit : « Afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père » (Jn. 5,23) ; et : « Les œuvres que le Père fait, je les fais aussi comme lui » (Id. 19) ; et encore : Qu’il est la résurrection, et la vie, et la lumière du monde, sont des paroles qui le montrent égal au Père, et qui confirment le soupçon et l’opinion des Juifs. Ne volez-vous pas de quelle manière il se justifie, quand on l’accuse de détruire la loi, et comment, au contraire, l’opinion de l’égalité avec le Père, non seulement il ne la combat point et ne la détruit pas, mais la confirme ? Ainsi,.lorsque les Juifs lui disaient : « Vous blasphémez, parce que vous vous faites Dieu », il prouve et il établit par l’égalité de ses œuvres qu’il est Dieu.
2. Eh quoi ! qu’ai-je dit ? Le Fils s’est servi d’expressions basses et grossières ; mais le Père, qui n’a point pris notre chair, s’en est servi lui-même. Il a permis qu’on lui fit dire bien des choses basses, pour le salut de ceux qui les entendraient. Cette parole : « Adam, où êtes-vous ? » (Gen. 3,9) Et celles-ci : « Pour voir si leurs œuvres égalent le cri qui est venu jusqu’à moi » (Id. 18,21) ; et : « Je connais maintenant que vous craignez Dieu » (Id. 22,12) ; et encore : « Pour voir s’ils écouteront et s’ils comprendront » (Ez. 3,11) ; et derechef : « Qui leur donnera un tel esprit ? » (Deut. 5,29) Et : « Entre tous les dieux, il n’y en a point, Seigneur, qui vous soit semblable ». (Ps. 85,7) Et plusieurs autres que vous pouvez ramasser dans l’Ancien Testament, vous les trouverez toutes, sans doute, indignes de la majesté de Dieu. Et encore le Seigneur, parlant d’Achab, dit : « Qui séduira Achab ? » Et aussi que Dieu fasse comparaison de soi avec les dieux des gentils, et se préfère toujours à eux ; toutes ces choses, toutes ces comparaisons et ces expressions sont indignes de Dieu ; mais par une autre raison elles sont dignes de lui. Et voici cette raison : Dieu est si bon et si miséricordieux, que pour notre salut il méprise les paroles qui conviennent à sa dignité. Qu’un Dieu se soit fait homme, qu’il ait pris la forme de serviteur, qu’il parle dans des termes si bas, qu’il soit pauvrement vêtu, tout cela, à n’envisager que sa majesté, est indigne de lui ; mais si l’on considère les richesses ineffables de sa bonté, toutes ces choses sont dignes de lui.
Voici une autre raison, qui a porté encore Jésus-Christ à user de ces expressions basses et grossières. Quelle est-elle ? C’est que, à la vérité, les Juifs connaissaient et confessaient bien le Père, mais qu’ils ne le connaissaient pas lui-même. Voilà pourquoi il cite souvent le témoignage du Père qui était universellement connu, et il s’en autorise, comme s’il n’eût point été lui-même digne de foi, non par insuffisance, mais pour condescendre à l’imbécillité et à la faiblesse de ses auditeurs. Voilà pourquoi il prie, et il dit : « Mon Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé ». (Jn. 5,21) Car s’il donne la vie à qui il lui plaît, et s’il la donne de même que le Père, pourquoi prie-t-il ? Mais il est temps de reprendre notre sujet.
Ils ôtèrent donc la pierre du tombeau, où le mort était enseveli. « Et Jésus levant les yeux en haut, dit ces paroles : Mon Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé. Pour moi, je savais que vous m’exaucez toujours : mais je dis ceci pour ce peuple qui m’environne, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé ». Interrogeons maintenant un de ces hérétiques que vous connaissez bien, demandons-lui si Jésus-Christ a ressuscité ce mort pour en avoir obtenu la grâce par ses prières ? Il répondra : Oui. Mais si cela est, lui répliquerons-nous, comment donc a-t-il opéré les autres miracles sans prier auparavant ; comme lorsqu’il dit : « Sors de cet enfant, je te le commande » (Mc. 2,24) ; et : « Je le veux, soyez guéri » (Mc. 1,41) ; et : « Emportez votre lit » (Jn. 5,8) ; et : « Vos péchés vous seront remis » (Mt. 9,2) ; et lorsque, parlant à la mer, il dit « Tais-toi, calme-toi ? » (Mc. 4,11, 39) Si Jésus-
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