Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/448

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

faibles, ne les leur fait pas fermer par sa propre nature, mais parce qu’ils les ont faibles ; de même Dieu ne rend pas sourds ceux qui n’écoutent point sa parole. C’est ainsi, c’est en ce sens qu’il est dit que le Seigneur a endurci le cœur de Pharaon, et cela arrive également à ces esprits indociles et rebelles qui résistent à la parole de Dieu. Au reste, c’est là une façon de parler de l’Écriture, comme celles-ci : « Dieu les a livrés à un sens dépravé (Rom. 1, 28) » ; et ces paroles : « Le Seigneur votre Dieu a distribué aux nations » (Deut. 4,19 ; LXX) : c’est-à-dire, a permis, a laissé. L’Écriture, en cet endroit, ne fait point agir Dieu, mais elle marque que c’est par leur méchanceté que les nations ont fait le mal. Car, lorsque nous sommes abandonnés de Dieu, nous sommes livrés au diable ; étant livrés au diable, nous sommes accablés de toutes sortes de maux. C’est donc pour remplir l’auditeur d’effroi, que l’Écriture dit : « Le Seigneur a endurci », et : « il a livré ».
En effet, que non seulement Dieu ne livre point, mais encore qu’il n’abandonne point, si nous ne voulons nous-mêmes être abandonnés, en voici la preuve ; écoutez ce qu’il dit : « Ne sont-ce pas vos péchés qui font une séparation entre vous et moi ? » (Is. 59,2) Et encore : « Ceux qui s’éloignent de vous périront ». (Ps. 72,26) Osée dit : « Vous avez oublié la loi de votre Dieu, et je vous oublierai aussi ». (Os. 4,6) Et Jésus-Christ dit lui-même dans son Évangile : « Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, et tu ne l’as pas voulu ! » (Lc. 13,34) Isaïe dit encore : « Je suis venu, et je n’ai trouvé personne ; j’ai appelé, et personne ne m’a a entendu ». (Is. 50,2) L’Écriture dit ces choses, pour nous montrer que c’est nous-mêmes qui sommes les premiers auteurs et de notre abandon et de notre perte. Dieu non seulement ne veut point nous abandonner, mais encore il ne veut pas nous punir ; et quand il punit, il ne faut point s’en prendre à sa volonté : « Je ne veux point la mort du pécheur, dit le Seigneur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive ». (Ez. 18,32) Jésus-Christ a versé des larmes sur la ruine de Jérusalem, de même que nous pleurons nos amis.
3. Ces vérités nous sont parfaitement connues, mes frères : faisons donc tous nos efforts pour ne nous point séparer de Dieu. Appliquons-nous à prendre soin de nos âmes, à exercer la charité fraternelle, et ne déchirons point nos membres : car déchirer ses membres, c’est l’action d’un furieux et d’un fou. Au contraire, ayons-en d’autant plus de soin que nous les voyons dans un état plus triste et plus fâcheux. Souvent, en effet, nous voyons des personnes attaquées de maladies douloureuses et incurables ; mais alors nous ne cessons point d’appliquer des remèdes à leurs maux. Et qu’y a-t-il de pire que d’avoir la goutte aux mains et aux pieds ? Coupons-nous pour cela ces membres ? Non certes : mais il n’est rien que nous ne fassions pour soulager du moins la douleur, si nous ne pouvons guérir le mal. Conduisons-nous de même à l’égard de nos frères dans les maladies spirituelles : sont-ils possédés d’une passion dangereuse, donnons-leur tous nos soins, et ne nous lassons pas : portons les fardeaux les uns des autres ; c’est ainsi que nous accomplirons la loi de Jésus-Christ (Gal. 6,2), et que les biens qui nous sont promis, nous les obtiendrons, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui la gloire appartient, et au Père et au Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit il.