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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/56

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démon qui se joue de vous par ses artifices, et qui vous inspire ce détestable dessein.
Que fait donc Joseph, mes frères, dans ce tumulte et dans ces accusations ? lise tait ; il demeure dans le silence, et se laisse con damner comme fait ici Jésus-Christ dont il était la figure. Mais cependant, dites-vous, vous ne pouvez pas nier que Joseph ne soit dans une prison, et cette femme dans une maison magnifique. Qu’importe où soit l’un et l’autre ; puisque Joseph est couronné de gloire dans la prison, et que cette femme est plus malheureuse dans une maison superbe que ceux qui languissent au fond d’un cachot ?
Mais ne jugeons pas par cela seul de leur victoire. Jugeons-en par l’événement des choses. Qui des deux a réussi dans son dessein ? N’est-ce pas celui qui est dans les fers, et non celle qui est dans cette magnificence et dans ce luxe ? L’un a désiré de garder sa chasteté ; l’autre s’est efforcée de la corrompre. Qui des deux a fait ce qu’il désirait ? Est-ce celui qui a souffert si généreusement l’injure, ou celle qui l’a faite si injustement ? C’est donc Joseph, mes frères, qui est demeuré le vainqueur.
Ayons du zèle pour ces heureuses victoires ; et mettons notre gloire à souffrir avec courage. Fuyons avec horreur ces avantages, qui sont le fruit de l’injustice et le prix de la violence. C’est ainsi que nous trouverons en ce monde la paix, et la gloire en l’autre, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE LXXXV.


« AUSSITÔT ON LUI CRACHA AU VISAGE, ON LE FRAPPA A COUPS DE POING, ET D’AUTRES LUI DONNÈRENT DES SOUFFLETS. EN DISANT : CHRIST, PROPHÉTISE-NOUS QUI T’A FRAPPÉ ». (CHAP. 26,67, 68, JUSQU’AU VERSET 10 DU CHAP. XXVII)

ANALYSE.

  • 1. Admirable véracité des Évangélistes.
  • 2. Saint Marc, disciple de saint Pierre, raconte avec de plus grands détails que les autres Évangélistes, le triple reniement de son Maître. – Désespoir de Judas. – Quelle leçon pour les avares !
  • 3 et 4. Contre ceux qui font des présents à l’Église du bien qu’ils ont pris aux autres. – Exhortation à faire l’aumône aux pauvres. – Combien les Juifs doivent en ce point faire rougir les chrétiens. – Que c’est l’avarice des peuples qui oblige les évêques d’avoir le maniement de quelques biens pour en assister les pauvres. – Qu’il n’y aurait point de pauvres dans le monde, si on y voulait donner quelque ordre.


1. Pourquoi, mes frères, les Juifs traitaient-ils avec ces outrages un homme qu’ils allaient tuer ? Pourquoi lui font-ils souffrir ces sanglantes railleries, sinon parce qu’ils ne suivaient à son égard que les mouvements de leur cruauté et non les règles de la justice ? Ils ont enfin trouvé la proie qu’ils cherchaient, et ils assouvissent sur elle la fureur et la rage dont ils sont transportés et enivrés ; c’est pour eux une fête à laquelle ils courent avec joie ; ils laissent voir combien ils étaient altérés de sang
Mais considérez, mes frères, quelle est la sincérité des Évangélistes qui marquent si particulièrement toutes ces circonstances, quoiqu’elles soient si ignominieuses en apparence pour leur maître et qui nous font voir ainsi combien ils aimaient la vérité. Ils ne cachent rien de ces traitements si humiliants Ils rapportent avec soin toutes ces particularités