Cette parole peut encore s’entendre dans ce sens qu’il leur enseignait ce que lui communiquait l’Esprit-Saint. Et c’est ainsi que Jésus-Christ, parlant humblement de lui-même, disait : « Je chasse les démons par l’Esprit de Dieu ». (Mt. 12,28) Et, en effet, l’Esprit-Saint opérait en lui comme dans son sanctuaire. Mais quelles instructions donnait-il à ses apôtres ? « Allez », leur disait-il, « enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; leur enseignant à garder, tout ce que je vous ai confié ». (Mt. 28,19) Combien est glorieuse cette mission des apôtres, qui reçoivent l’ordre d’évangéliser l’univers, et dont les paroles seront remplies de l’Esprit-Saint ! Car c’est ce qu’indique cette remarque de l’écrivain sacré : « Jésus les instruisait par l’Esprit-Saint », c’est-à-dire, que les paroles qu’il leur adressait étaient esprit et vie.
Or, saint Luc ne s’exprime ainsi que pour concilier aux apôtres la pleine confiance de son lecteur, et pour exciter en celui-ci le désir de connaître les secrets que Jésus-Christ leur a confiés. Et en effet, les apôtres vont parler selon l’inspiration de l’Esprit-Saint, et ils nous révéleront les préceptes qu’ils reçurent du Sauveur « jusqu’au jour où il fut élevé dans le ciel ». Saint Luc ne dit pas : Jusqu’au jour où le Christ monta dans le ciel, parce qu’il ne parle encore de lui que comme homme. Sans doute Jésus-Christ, après sa résurrection, avait donné plusieurs instructions à ses apôtres ; mais aucun des évangélistes n’a écrit en détail et avec soin cette partie de sa vie. Saint Jean et saint Luc s’y arrêtent ; il est vrai, un peu plus que – les deux autres ; et néanmoins leur récit est loin d’être précis et complet, car ils se hâtaient vers un autre but. Ce sont donc les apôtres qui, en nous rapportant ce qu’ils avaient entendu, nous ont fait connaître les derniers enseignements de Jésus-Christ. « Auxquels il se montra vivant ». Après avoir parlé de l’ascension de Jésus-Christ, saint Luc mentionne sa résurrection ; et parce qu’il avait dit : « Il fut élevé dans le ciel », il ajoute aussitôt qu’ « il se montra vivant à ses apôtres », afin de prévenir ce doute qu’il ne se serait élevé dans le ciel que par un secours étranger. Car s’il s’est ressuscité lui-même, à plus forte raison a-t-il monté au ciel par sa propre vertu, puisque ce second miracle est moins étonnant que le premier.
4. Voyez-vous donc quels dogmes sublimes sont cachés sous cette simple parenthèse ! « Leur apparaissant durant quarante jours ». C’est que Jésus-Christ ne vivait pas au milieu d’eux comme avant sa résurrection. Aussi saint Luc ne dit-il pas : Leur apparaissant quarante jours, mais « durant quarante jours » ; car il se montrait et disparaissait successivement. Et pourquoi ? Parce qu’il voulait spiritualiser davantage leurs pensées, et rendre moins humain l’amour qu’ils lui portaient. Cette conduite attestait encore de sa part une profonde sagesse ; car elle disposait prudemment les apôtres à croire qu’il était ressuscité, et à confesser qu’il était plus qu’un homme. Or, le dogme de la résurrection de Jésus-Christ et celui de sa divinité semblaient se contredire ; car l’un s’appuyait sur des faits humains, et l’autre sur des faits tout opposés. Et cependant tous deux ont été établis en temps opportun.
Mais pourquoi Jésus-Christ ne s’est-il montré qu’aux apôtres, et non à tous les Juifs ? Parce que le plus grand nombre, ignorant le mystère d’un Dieu homme, l’eussent pris pour un fantôme. Et en effet, si d’abord les apôtres eux-mêmes furent troublés et demeurèrent incrédules, et s’ils ne se rendirent qu’après avoir touché ses plaies ; et après avoir mangé avec lui, quels eussent été les sentiments de la multitude ? C’est pourquoi Jésus-Christ voulut confirmer par de nouveaux miracles celui de sa résurrection, mais ces miracles n’ont pas eu seulement pour but de convaincre les apôtres, et ils sont encore pour nous tous une preuve certaine de la résurrection de Jésus-Christ. Cette même conviction qu’ils portèrent alors dans l’esprit de ceux qui en furent les témoins, se transmettra d’âge en âge à tous ceux qui les croiront. De là ce dilemme dont nous poursuivons les incrédules : Si Jésus-Christ n’est pas ressuscité, et s’il est encore mort, comment les apôtres ont-ils fait des miracles, en son nom ? Mais ils n’ont fait aucun miracle. Comment donc le christianisme s’est-il établi ? Car son établissement est un fait qui tombe sous les yeux et dont on ne peut ni contester, ni récuser la réalité.
Ainsi l’incrédule qui nie les miracles se confond lui-même, car ce serait le plus grand de tous les miracles, que, sans miracle, l’univers se soit converti à la voix de douze hommes pauvres et ignorants ; et en effet, ces pêcheurs
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