Page:Chtchédrine - Trois contes russes.djvu/14

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« Si cette immense majorité des Russes, objectai-je, ne se plaint pas, qui donc se plaint ? »

« Il y a chez nous, continua le Russe, des gens qui ne font rien que rêver, lire de mauvais romans et chercher à tuer le temps ; et d’autres gens qui ne font qu’étudier, lire des ouvrages scientifiques et qui cherchent à tuer le tsar.

Voilà les mécontents. Un petit parlement pour eux seuls leur ferait peut-être du bien. On prétend que prononcer des discours est un calmant.

Quoi qu’il en soit, il est certain que les plaintes légitimes ne peuvent pas toujours parvenir jusqu’au trône. Avec le moindre parlement on serait sûr que les abus ne resteraient pas dans l’ombre. »

Voilà ce que dit ce Russe qui n’était pas un nihiliste, tant s’en faut.