Page:Chtchédrine - Trois contes russes.djvu/28

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— Ah ! diable ! »

Bref, quel que fût le sujet de leurs conversations, toujours ils en revenaient à la nourriture, et cela ne faisait qu’exciter leur appétit. Ils convinrent donc de cesser de causer, et, se rappelant la trouvaille de la Gazette de Moscou, ils en commencèrent la lecture avec avidité.


« Hier, lut d’une voix émue l’un de nos généraux, il y a eu dîner de gala chez l’honorable gouverneur de notre antique capitale. La table était de cent couverts et servie avec un luxe inouï. Les produits de toutes les parties du monde s’étaient pour ainsi dire donné rendez-vous à cette fête magique. On y voyait le sterlet doré pêché dans les ondes de la Cheksna, et l’habitant des forêts du Caucase : le faisan. On y voyait des fraises, au mois de février,