Page:Chtchédrine - Trois contes russes.djvu/46

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gne, mais d’une puissance mystérieuse et immense qui l’a lancé et entraîné en ce monde, pareille à l’ouragan quand il emporte dans ses tourbillons, à travers la steppe, un frêle brin d’herbe.

Qu’est donc son passé ? Pourquoi sa vie a-t-elle suivi cette direction-là et non pas quelque autre voie ? Qu’est-il lui-même ? Autant de questions auxquelles il ne peut répondre que par la plus complète ignorance et le plus profond étonnement.

Le joug, tel est l’emblème qui a présidé à son existence. Il est né sous le joug, c’est sous le joug qu’il descendra dans la tombe.

Or voilà que maintenant la conscience lui est apparue… mais à quoi bon ? Est-elle venue pour lui poser impitoyablement des questions sans réponses ? Est-elle venue dans cette demeure détruite pour y faire revivre l’existence passée ? Mais cette