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LE POMÈCHTCHIK SAUVAGE


Il y avait une fois un empire. Dans cet empire il y avait un pomèchtchik[1].

Or ce pomèchtchik se sentait heureux de vivre. Il avait tout à souhait : des paysans, du blé, du bétail, des terres, des jardins.

C’était d’ailleurs un être stupide, dont toute la nourriture intellectuelle consistait

  1. Pomèchtchik signifie littéralement « propriétaire d’un domaine ». Autrefois, jusque vers l’époque de l’émancipation des serfs, on ne comptait que des nobles parmi les pomèchtchiks. Aujourd’hui il existe des bourgeois propriétaires de domaines. Néanmoins « gentilhomme campagnard » est le terme français qui répond peut-être le mieux à l’idée russe. Cependant on ne dit point « Monsieur le gentilhomme campagnard », tandis qu’en russe on dit « Monsieur le pomèchtchik ». On a trouvé plus simple de conserver le mot russe. Les exemples des mots « boyard, lord », etc., empruntés aux langues étrangères peuvent excuser cette liberté du traducteur.