Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/159

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qualité de Citoyen ; et qu’enfin cette loi n’eut pas lieu à l’égard même de son auteur. Il ne croit pas non plus qu’on puisse, sur des largesses outrées, et sur de folles profusions, regarder Lentulus comme ami du peuple, tandis qu’on lui voit de si horribles desseins contre l’État. Ainsi, quoique très-humain et très-doux, il ne laisse pas de le condamner à finir ses jours dans une obscure prison : il défend que jamais, dans la vue de plaire au peuple, on propose d’adoucir ses peines : et afin que la pauvreté mette le comble à sa misère, il ordonne la confiscation de ses biens.

VI. Que vous embrassiez donc l’opinion de César, je me verrai accompagné d’un homme cher au peuple Romain, et qui m’en fera plus volontiers écouter. Que vous suiviez au contraire le sentiment de Silanus, il me sera aisé de faire voir que c’est au fond le parti le plus doux, et qu’en cela ni vous ni moi ne sommes trop sévères. Mais quel excès de sévérité à craindre dans le cas d’un crime si énorme ? J’en juge par l’impression qu’il fait sur moi. Car enfin, si je fais ici paroître un peu de chaleur, je proteste que ce qui m’anime, c’est un pur mouvement de pitié. Peut-on être plus porté que je le suis à la douceur ? Mais je me représente cette superbe ville, l’ornement de l’Univers, et l’appui de toutes les Nations, en proie à un subit embrasement. Je m’imagine