de temps nos peines et nos craintes, tandis que le danger, toujours le même, se renfermeroit dans les veines et dans les entrailles de la République. Comme des malades qui ont une fièvre violente, semblent d’abord s’être soulagés en buvant de l’eau froide dans le fort de l’accès, et que par là ils s’attirent un redoublement plus fâcheux, de même quand le supplice du Chef nous auroit donné quelque relâche, si le reste des conjurés lui survit, nos maux ne feront que croître.
32. Que les pervers se retirent donc. Que séparés des bons, ils fassent un corps à part. Qu’ils mettent, comme je l’ai dit souvent, les murs de Rome entre eux et nous. Qu’ils cessent de tendre des pièges au Consul jusques dans sa maison ; d’entourer le tribunal du préteur j de venir avec des poignards au Sénat ; de préparer[1] des torches pour nous brûler. Qu’enfin on lise sur le front de tout Citoyen, les sentimens qu’il a pour la patrie. Je vous annonce, Pères Conscrits, et reposez-vous-en sur l’attention des Consuls, sur l’autorité de cet auguste Corps, sur la valeur des Chevaliers Humains, sur le zèle unanime de tous les fidèles Citoyens : je vous annonce qu’au départ de Catilina, tous ses desseins vont être découverts, manifestés, renversés, punis.
33. Avec de tels présages, Catilina, partez, et faites-nous une guerre sacrilége, dont l’issue sera le salut de la République, votre perte assurée, et la ruine entière de tous ceux que le crime, que le parricide vous associe. Ô vous, dont le
- ↑ Il y a dans le Texte, malleolos et faces. Ces malleoli étoient une sorte de machine dont la description se trouve dans Ammien Marcellin, liv. 23, chap. 10.