Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/89

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j’éloigne de vous le fléau de cette guerre sacrilège. Qu’on m’accuse d’avoir envoyé Catilina en exil, j’y consens, pourvu qu’il y aille. Mais, croyez-moi, il n’y songe point. Aux Dieux ne plaise que, pour ma justification, je souhaite qu’il soit vu à la tête d’une armée ! dans trois jours cependant la nouvelle vous en viendra ; et s’il arrive qu’on me juge répréhensible, je crains fort que ce ne soit bien moins pour l’avoir chassé, que pour avoir permis son évasion. Mais quoique sa fuite ait été volontaire, si pourtant il se trouve des gens qui disent que je l’ai banni : quels discours ces gens-là tiendront-ils donc, si je lui avois ôté la vie ?

16. Quand ils font courir le bruit qu’il se retire à Marseille, ce n’est pas qu’il le croient ; c’est bien plutôt ce qu’ils craindroient. Aucun de ceux qui paroissent s’attendrir sur son sort, ne l’aimeroit mieux à Marseille qu’au camp de Mallius : et lui-même, quand sa démarche actuelle ne seroit pas préméditée, n’aimeroit-il pas mieux chercher la mort en faisant son métier de brigand, que de se tenir paisible dans un lieu d’exil ? Au fond, puisqu’à cela près, qu’en sortant de Rome, il nous y a laissés en vie, toutes ses entreprises lui avoient réussi : loin de nous plaindre qu’il aille en exil, c’est ce que nous devons souhaiter.

VIII. Mais à quoi bon parler si long-temps d’un ennemi seul, d’un ennemi qui se donne pour tel ; et qui a cessé de nous être formidable, depuis qu’il y a, comme je l’ai toujours désiré, un mur entre nous et lui ? Pourquoi ne rien dire de ces ennemis couverts, qui se tiennent dans Rome,