Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui sont au milieu de nous ? Ce que je souhaite, ce n’est assurément pas qu’ils périssent, c’est qu’ils rentrent dans le devoir. Je voudrois, et il n’y aura rien d’impossible, s’ils veulent me croire, je voudrois les réconcilier avec la République. Voyons, en effet, de qui est composée toute cette troupe de factieux ; et je leur donnerai ensuite aux uns et aux autres des conseils proportionnés à leur situation, pour tâcher, autant que je le puis, de les en tirer.

18. Je place dans le premier rang ceux qui doivent beaucoup, mais qui ont encore de plus grands biens, et qui les aiment si passionnément, que pour se libérer de leurs dettes, ils ne peuvent se résoudre à rien vendre. Parmi nos mécontens, ce sont là ceux qui ont le plus l’apparence d’honnêtes gens ; car ils sont riches ; mais le motif de leur rebellion est injuste et impudent. Quoi ! vous serez riche, et abondamment riche, en terres, en maisons, en esclaves, en argent, en tout, et vous ne voudrez renoncer à rien pour satisfaire vos créanciers ? Qu’attendez-vous ? une guerre ? Mais la guerre entraînant une désolation générale, vos maisons seront-elles respectées ? Vous promettez-vous de voir[1] annuller vos dettes ? Mais en vain l’attendriez-vous de Catilina. Pour moi, je vous obtiendrai cette grâce ; mais en faisant que vos biens, jusqu’à la concurrence de vos dettes, soient vendus à l’enchère. Point d’autre moyen que celui-là, de sauver ces riches obérés. S’ils avoient pu s’y résoudre plutôt, et ne pas compter follement de faire face aux arrérages avec

  1. les débiteurs. Cette injustice n’étoit pas sans exemple. Rien de plus sage là-dessus que la morale de Cicéron, Offic. II, 22, 23 et 24.