Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/99

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le poison. Tant que cette jeunesse ne sera pas chassée, extirpée, vous aurez dans Rome une pépinière de Catilinas. Mais les pauvres gens, a quoi songent-ils ? Est-ce qu’ils prétendent mener leurs maîtresses à l’armée ? Pourront-ils néanmoins s’en passer, présentement sur-tout que les nuits sont longues ? Et comment s’accommoderont-ils des frimas et des neiges de l’Apennin ? Ils se croient peut-être apprivoisés avec le froid, parce qu’ils se sont faits à danser nus dans les festins. O ! que je crains une guerre où le Général aura pour cohorte[1] Prétorienne, tous ces impudiques autour de lui !

XI. Pour pouvoir donc résister aux excellentes troupes de Catilina, voyons, Romains, ce que nous avons. Opposez d’abord à ce vieux gladiateur[2] estropié, vos Consuls et vos Généraux. Produisez ensuite la fleur et la force de toute l’Italie, pour faire tête à ces misérables noyés de dettes. Vous avez de votre côté, et colonies, et villes municipales : tandis que l’ennemi a, pour tout retranchement, quelques monticules couvertes de broussailles. Tant d’autres avantages qui vous rendent si considérables et si puissans, ne doivent pas se mettre en parallèle avec l’indigence de ce voleur.

25. Mais sens compter toutes les ressources que nous avons, et qui lui manquent, le Sénat, les Chevaliers, le Peuple, la ville, le trésor, les revenus de l’État, toute l’Italie, toutes les provinces, les nations étrangères ; sans compter, dis-je,

  1. On appeloit Cohorte Prétorienne, la cohorte ou compagnie qui gardoit le Général. Elle étoit composée de quatre à cinq cents hommes choisis entre les plus braves. Voyez Festus, liv. 14.
  2. A Mallius. Il ne devoit pas être jeune, puisqu’il avoit servi sous Sylla.