un homme d’aussi mauvaise foi, enfin d’en avoir avec un personnage aussi extravagant ; car son imprudence nous sert autant que sa mauvaise foi nous est nuisible. Elle lui a fait rassembler et armer des hommes dont il s’est servi pour faire violence. En cela, il a nui à Cécina ; mais il l’a servi, en ce qu’il a pris des témoins pour attester sa conduite audacieuse, et qu’il s’appuie dans la cause de leurs dépositions. Je suis donc résolu, avant que d’en venir à mes défenses et à mes témoins, de faire usage des aveux d’Ébutius et des dépositions dont il s’appuie. Qu’avoue donc Ébutius, et si fermement, qu’il paraît non seulement en convenir, mais s’en glorifier ? J’ai fait chercher des hommes, je les ai rassemblés, je les ai armés ; j’ai empêché Cécina d’avancer, en le menaçant de la mort ; c’est avec le fer, oui, dit-il, c’est avec le fer (et il le dit devant des juges) que je l’ai éloigné, que je l’ai épouvanté. Et ses témoins, qu’attestent-ils ? Vétilius, parent d’Ébutius, déclare qu’il a accompagné Ébutius avec des esclaves armés. Qu’ajoute-t-il ? qu’il y avait un grand nombre de gens armés. Quoi encore ? qu’Ébutius a menacé Cécina. Pour moi, que dirais-je de ce témoin, sinon que les juges doivent ajouter foi à ce qu’il dépose, quoique ce ne soit pas un homme digne de foi ; qu’ils le doivent, par la raison qu’il atteste pour son parent ce qui est le plus contraire à la cause de son parent ? Térentius, second témoin, accuse Ébutius, il s’accuse lui-même ; il dit contre Ébutius qu’il y avait des gens armés ; il publie contre lui-même qu’il a ordonné à Antiochus, esclave d’Ébutius, de se jeter avec son épée sur Cécina qui avançait. Que pourrais-je dire de plus contre cet Homme ? Malgré les instances de Cécina, je refusai de parler contre lui dans la crainte de paraître l’accuser d’un crime capital. Je ne sais maintenant quel parti prendre à son sujet, puisque, sous la foi du serment, il dépose ainsi contre lui-même. Célius ne s’est pas contenté de dire qu’Ébutius était soutenu d’une troupe nombreuse de gens armés, il a même ajouté que Cécina n’était accompagné que d’un petit nombre de personnes. Déprimerai je un témoin auquel je demande que les juges ajoutent autant de foi que si je le produisais moi-même ?
X. Memmius a suivi ; il a fait valoir le service important qu’il a rendu aux amis de Cécina, en leur ouvrant, a-t-il dit, par la terre de son frère, un chemin pour se sauver, lorsqu’ils étaient tous saisis de crainte. Je sais gré à ce témoin de s’être montré aussi officieux dans cette rencontre que scrupuleux dans sa déposition. A. Attilius et L. Attilius, son fils, ont dit qu’ils étaient eux-mêmes avec Ébutius en armes, et qu’ils ont amené leurs gens armés ; ils ont dit de plus qu’Ébutius menaçant Cécina de le tuer, Cécina lui demanda de le déposséder suivant les formalités d’usage. P. Rutilius a dit la même chose, et l’a dit d’autant plus volontiers qu’il était jaloux d’avoir été cru au moins une fois en justice. Il est encore deux témoins qui n’ont point parlé de la violence, mais de l’acquisition de la terre : P. Césennius, vendeur de la terre, homme de poids, seulement par sa corpulence ; le banquier Clodius, nommé Phormion, non moins basané, non moins présomptueux que le Phormion de Térence : ni l’un ni l’autre n’ont parlé de la violence ; ils n’ont rien dit que d’étranger à la cause. Le dixième témoin qui a déposé, témoin attendu, réservé