Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/421

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Fontéius ; que vous connaissez ceux qui prennent sa défense, considérez maintenant ce qu’exige votre équité, ce qu’exige la majesté de cet empire ; examinez si vous aimez mieux croire et satisfaire vos colonies, vos concitoyens qui font le commerce, vos anciens alliés, vos amis, ou des peuples qui ne méritent aucune créance, parce qu’ils sont passionnés, ni aucune déférence, parce qu’ils sont perfides. Mais quoi ! si je nomme encore une foule d’hommes très recommandables, qui peuvent rendre témoignage de la vertu et de l’intégrité de Fontéius, les Gaulois ligués contre lui prévaudront-ils sur l’autorité des plus respectables témoins ? Vous le savez, juges, lorsque Fontéius gouvernait la Gaule, nous avions dans les deux Espagnes de grandes armées et d’illustres généraux. Combien de chevaliers romains, de tribuns militaires, et quels hommes ! que de lieutenants envoyés aux généraux, et en combien d’occasions ! de plus, Pompée a fait hiverner dans la Gaule, sous le gouvernement de Fontéius, la plus considérable et la plus belle de nos armées. Trouvez-vous que la fortune nous donne assez de témoins dignes de foi, assez de témoins instruits des actes de la préture de Fontéius ? qui pouvez-vous produire dans cette cause parmi un si grand nombre de personnes ? Dans ce nombre quel est le témoin qu’il vous plaît de choisir ? Il ne dira que du bien ; ce sera un témoin pour nous.

Juges, douterez-vous plus longtemps que le vrai motif de cette accusation ne soit, comme je l’ai montré en commençant, de faire condamner Fontéius sur les dépositions des peuples qu’il contraignait d’obéir à des ordres donnés pour le bien de l’État, et de pousser ainsi nos magistrats dans le relâchement par la crainte de ces attaques contre des hommes dont la ruine entraînerait celle de notre empire ?

VII. On reproche encore à Fontéius d’avoir tiré de l’argent de la réparation des chemins, soit pour dispenser des travaux à faire, soit pour approuver ceux qui étaient faits. S’il n’y a eu de dispense pour personne, si le travail d’un grand nombre n’a pas été approuvé, il est faux assurément qu’on ait donné de l’argent, soit pour obtenir une exemption, puisqu’on n’a exempté personne, soit pour faire approuver les ouvrages, puisque beaucoup se sont vu refuser cette approbation. Mais si nous prouvons que cette accusation s’adresse aux hommes les plus honorables ; si nous prouvons, sans rejeter la faute sur autrui, que ceux-là ont présidé à la réparation des chemins, qui peuvent aisément justifier leur conduite, condamnerez-vous toujours Fontéius sur la foi de témoins irrités ? Il était de l’intérêt public que la voie Domitia fût réparée ; mais occupé d’affaires plus importantes, Fontéius donna cette commission à ses lieutenants, hommes irréprochables, C. Annius Belliénus et C. Fontéius. Ils présidèrent donc à la réparation ; ils commandèrent, ils approuvèrent les ouvrages avec l’équité qui les distingue. Si nos adversaires n’ont pu l’apprendre autrement, ils ont pu savoir la vérité par nos lettres écrites et reçues, dont ils ont pris copie. S’ils ont négligé de les lire, qu’ils sachent maintenant de moi ce que Fontéius a écrit à ses lieutenants, et les réponses qu’ils lui ont faites. LETTRES DE M. FONTÉIUS A SES LIEUTENANTS C.