Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/634

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NOTES
SUR LE PLAIDOYER POUR L. MURÉNA.

I. Quæ deprecatus sum. Les magistrats, avant d’exposer aux citoyens le motif pour lequel ils les avaient convoqués, adressaient une prière aux dieux pour leur demander le salut et le bonheur du peuple romain.

Quo auspicato. Les comices ne pouvaient s’assembler au Champ de Mars, si les auspices n’étaient pas favorables. S’il tonnait, s’il faisait mauvais temps, l’augure prononçait la formule solennelle, alio die, et les comices étaient remis. Il en était de même, lorsqu’un des assistants était attaqué d’épilepsie, ce qui fît donner à cette maladie le nom de morbus comitialis. Un tribun qui ne partageait pas l’avis de ses collègues, pouvait dissoudre les comices.

Consulem renuntiavi. Un des deux consuls, désigné par le sort, présidait aux comices, et annonçait le vœu des centuries.

Consulatum una cum salute. Si Muréna avait été condamné, il aurait été non-seulement privé de consulat, mais il aurait perdu la vie civile ; il aurait été capite deminutus.

Me rogante. Le consul qui présidait aux comices, après avoir proclamé le candidat qui avait réuni le plus de suffrages priait le peuple (rogabat) de le nommer.

II. Quæ mancipi sunt, etc. Mancipium est proprement un droit de propriété dont jouissaient les seuls citoyens romains. Les fonds d’Italie d’abord, et par la suite ceux de quelques provinces, étaient ce qu’on appelle res mancipi, et l’on comprenait sous ce nom, outre les biens eux-mêmes, les esclaves et les animaux qui servaient à les faire valoir. C’étaient des propriétés inaliénables par nature, et l’on ne pouvait aliéner ces fonds privilégiés qu’en présence de cinq témoins et avec certaines formalités ; l’omission d’une seule, comme aujourd’hui dans nos hypothèques, entraînait la nullité du contrat. Aussi l’acquéreur prenait-il la précaution de se faire garantir par le vendeur toutes les chances du jugement, periculum judicii, et le vendeur qui, par l’acte de la vente, s’était engagé lui et ses biens, se nexu obligavit, devait indemniser l’acquéreur, si l’aliénation de la propriété n’était pas confirmée.

Auctor. Cicéron joue sur ce mot, qui signifie proprement celui qui vend une propriété inaliénable, res mancipi. Voyez. Plaut. Curcul. iv.

Kalendis jan. Le premier jour de janvier, les magistrats entraient en charge, et principalement les consuls. Ils étaient désignés cinq mois avant d’entrer en exercice, et pendant cet intervalle, on faisait une enquête pour savoir s’ils n’avaient point brigué le consulat par des moyens illégaux.

IV. Præmia tanta. Cicéron avait obtenu la questure, l’édilité, la préture et le consulat : et dans toutes ces élections, il avait été nommé le premier ou l’un des premiers.

Religioni. Cicéron qui présidait aux comices, avait imploré pour Muréna la protection du ciel, et l’avait proclamé après avoir pris les auspices.

V. Lex quaedam accusatoria. Chez les anciens, dans les contestations politiques aussi bien que dans les affaires privées, les accusateurs étaient en droit d’attaquer la vie privée et les mœurs de l’accusé. C’était le moyen de le faire croire plus facilement coupable du crime principal qu’on lui reprochait.

Proavus L. Murenæ. Licinius Muréna, préteur l’an de Rome 596. Son aïeul, P. Licinius Muréna obtint la même charge l’an 540.

Equestri loco. On voit qu’un patricien pouvait rester dans l’ordre équestre.

M. Æmilius, Il est question du fameux Scaurus, consul deux fois, la première, l’an de Rome 638, et la seconde en 646.

VIII. Curiis, Catonibus. M’Curius Dentalus, homme nouveau, fut trois fois consul, les années de Rome 463, 468 et 479. Il s’agit ici de M. Porcius Caton, consul l’an 558 et censeur l’an 569.

Mariis et Didiis, etc. C. Marius, vainqueur de Jugurtha. Il fut sept fois consul. T. Didius fut consul l’an 665, et C. Célius Caldus, l’an 659.

Altero modestissimo. Deux patriciens disputèrent le consulat à Cicéron : l’un, L. Sergius Catilina, s’est rendu fameux par ses crimes et son audace ; l’autre, P. Sulpicius Galba, était un homme vertueux et respecté. Voyez ad Atticum, I, 1.

Lege Titia. Celle loi portée par le tribun C. Titius, l’an de Rome 488, soumit à la désignation du sort les différents départements des questeurs et augmenta le nombre de ces magistrats.

Ostiensem. Cette province était appelée agraria et frumentaria, parce que le questeur d’Ostie était spécialement chargé de l’arrivage des denrées qui alimentaient Rome. Ses fonctions lui donnaient beaucoup d’embarras et lui procuraient peu d’honneur. Aussi le peuple faisait-il des huées quand on proclamait cette province.

IX. Respondendi, scribendi, cavendi. Ces trois mots résument les services que rendaient les jurisconsultes : ils répondaient à ceux qui venaient les consulter, écrivaient des formules pour les plaideurs, ou donnaient des consultations, cavebant.

Maximo in bello. La guerre contre Mithridate. Le président de Brosses, dans sa restauration de la Grande Histoire de Salluste, a rassemblé tous les témoignages relatifs aux exploits de Muréna, pendant sa lieutenance.

Quanquam præsente Lucullo, qui semble assister an procès comme advocatus.

XI. Pauci quondam sciebant. Cette science appartenait, dit Pomponius, au collège des pontifes ; dans la suite Appius Claudius rédigea un recueil des formules, et son secrétaire, Cn. Flavius, fils d’un affranchi, déroba le recueil pour le communiquer au peuple, qui, en reconnaissance, le créa tribun du peuple, sénateur et édile curule. Digeste, II, 7.

Fastos. Les jours fastes étaient ceux où il était permis de poursuivre en justice, fas est ; les fonctions que le préteur remplissait ce jour-là étaient renfermées dans ces trois paroles, do, dico, addico ; do leges, dico jus, ad-