Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/697

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

norable citoyen, P. Septimius : ce fermier avait commis un meurtre. Vous avez pu voir combien Septimius était courroucé. Flaccus a fait juger l’affranchi Lurcon : Lurcon devient son ennemi mortel. Quoi donc ! fallait-il livrer l’Asie aux affranchis d’hommes puissants et considérés ! Flaccus a-t-il donc quelque inimitié secrète avec vos affranchis ? Ne blâmez-vous la sévérité que quand il s’agit de vous et des vôtres, et ne la louez-vous que quand vous prononcez sur notre sort ?

XXXVI. Mais enfin cet Andron, quoique dépouillé de ses biens, comme le disent nos adversaires, ne se présente pas pour déposer ; et quand il se présenterait, C. Cécilius a été témoin de l’arrangement qu’ont fait ensemble Andron et Flaccus. Quel homme que Cécilius ! de quelle considération ne jouit-il pas ! que ses mœurs sont pures et sa probité irréprochable ! L’arrangement a été signé par C. Sextilius, neveu de Lurcon, homme plein d’honneur, de sagesse et de fermeté. S’il y avait de la fraude, de la surprise, de la violence, de la crainte, qui les forçait de conclure un accord ? qui forçait les autres d’y être présents ? Mais si tout l’argent de la succession a été remis à ce jeune Flaccus ; s’il a été réclamé et recueilli par les soins d’Antiochus, affranchi de son père, qui avait toute l’estime de ce vieillard, n’est-il pas clair que nous évitons tout reproche d’avarice, et même que notre générosité mérite de grands éloges ? Flaccus a abandonné à son jeune parent une succession commune, que, suivant la loi, ils devaient partager également entre eux : il n’a rien touché des biens de Valéria. Ce que la sagesse du jeune homme, et non sa propre richesse, l’engageait à faire, il l’a fait de la manière la plus généreuse et la plus noble. On doit en conclure qu’il n’a pas envahi des biens contre les lois, puisqu’il a abandonné si volontiers une succession.

Mais voici une accusation grave, celle de Falcidius. Il dit avoir donné à Flaccus cinquante talents. Écoutons-le lui-même. Il n’est pas ici. Comment donc déposera-t-il ? Sa mère produit une lettre, et sa sœur une autre. Il leur a écrit, disent-elles, qu’il a donné à Flaccus une somme si considérable. Ainsi donc, un homme que personne ne croirait, quand il prêterait serment la main sur l’autel, persuadera ce qu’il voudra par une simple lettre ! Mais quel est ce Falcidius ? qu’il aime peu ses concitoyens ! Il avait un patrimoine assez ample, qu’il pouvait dépenser ici avec nous ; il a mieux aimé le dissiper dans les festins des Grecs. Pourquoi s’éloigner de cette ville, se priver des avantages de la liberté romaine, courir les risques d’une navigation, comme s’il ne pouvait pas manger son bien à Rome ? Maintenant, cet aimable fils écrit enfin à sa mère ; et profitant de la simplicité de cette femme, il veut lui faire accroire que l’argent avec lequel il est parti et qu’il a follement dissipé, a été donné à Flaccus.

XXXVII. Les récoltes des Tralliens ont été vendues sous la préture de Globulus ; Falcidius les avait achetées neuf cent mille sesterces. S’il donne à Flaccus une somme de cinquante talents, il la donne, sans doute, pour valider son achat. Il a donc acheté quelque objet qui certainement valait beaucoup plus. Il donne de son gain sans rien ôter de sa bourse : il gagne moins seulement. Pourquoi donc ordonne-t-il de vendre sa terre d’Albe ? pourquoi cherche-t-il, par des flatteries, à gagner sa mère ? pourquoi, dans ses