Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1868, tome 6.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’était en réalité qu’un acte d’accusation contre Verres. Ils ont tant fait que moi-même, dont ils avaient connu la loyauté et le désintéressement, ils m’ont, par leur affliction et par leurs larmes, fait presque oublier mes principes pour me porter accusateur de Verres ; ministère absolument étranger à mes idées et au plan de conduite que je m’étais tracé, quoique, à vrai dire, dans cette cause, j’aie plutôt à jouer le rôle de défenseur que celui d’accusateur. Enfin, tous ceux qui, par leur naissance ou par leur position, tiennent le premier rang dans la province, sont venus de toutes les parties de l’île, soit au nom de leur cité, soit en leur propre nom ; les villes les plus considérables et les plus illustres sont celles aussi qui ont sollicité avec le plus d’instances la poursuite des injustices qu’elles avaient, souffertes. Mais comment, juges, sont-ils venus ? car je crois devoir parler ici pour les Siciliens plus librement qu’ils ne le voudraient peut-être eux-mêmes ; je dois consulter leur intérêt plutôt que leur délicatesse. Quand jamais, dans aucune province, a-t-on déployé autant de ressources et de. passion pour protéger un accusé absent contre les enquêtes d’un accusateur ? Les questeurs de l’une et l’autre province, sous sa préture, ont cherché à m’intimider, en se présentant devant moi avec leurs faisceaux. Ceux qui leur succédèrent, dans leur reconnaissance pour le traitement splendide qu’ils en avaient reçu, ne se montrèrent pas moins ardents contre moi. Jugez ce qu’a pu faire un homme qui, dans la même province, a trouvé quatre