Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, tome 8, 1869.djvu/273

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amis des arts, au sein de tant de lumières réunies, sous les auspices enfin du magistrat éclairé qui préside à vos décisions, je puisse m'étendre avec un peu de liberté sur les bienfaits des Muses ; et, par égard pour celui que je représente, pour un homme que ses loisirs studieux ont toujours éloigné du tumulte des affaires et des orages de la tribune, permettez-moi d'emprunter une forme d'élocution nouvelle en quelque sorte, et comme étrangère en ce lieu. Si vous m'accordez cette faveur, j'espère vous persuader, Romains, que non seulement Archias, citoyen en vertu des lois, ne peut être retranché du nombre des citoyens, mais qu'il faudrait même, s'il ne l'était point, l'admettre à cet honneur.

[3] III. À peine Archias était sorti de l'enfance et de ces études qui servent ordinairement au jeune âge d'introduction aux belles-lettres, qu'il s'essaya dans l'art d'écrire. Antioche vit ses premiers succès. Né dans cette ville, de parents nobles ; dans cette ville, de tout temps célèbre et florissante, toujours féconde en savants, toujours amie des beaux arts, il eut de bonne heure la gloire d'éclipser ses rivaux par l'éclat de ses talents. Bientôt les autres contrées de l'Asie et de la Grèce tout entière se disputèrent l'honneur de le posséder dans leur sein : la haute idée qu'on avait de son génie le cédait encore à l'impatience où l'on était de son arrivée, et cette impatience, au plaisir de le recevoir et de l'admirer lui-même. Alors