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DE LA VIEILLESSE.

voyer à un autre temps. Je ne veux aujourd’hui que vous parler de la vieillesse. Elle semble déjà nous presser l’un et l’autre, ou du moins elle s’avance vers nous à grands pas : c’est ce fardeau que je veux alléger pour vous comme pour moi, quoique je sois bien persuadé que vous le supportez et le supporterez, ainsi que toutes choses, avec cette modération qui est dans votre caractère. Mais lorsque j’ai pensé à faire un livre sur la vieillesse, vous vous êtes présenté à mon esprit comme digne d’un tel présent, dont nous jouirons tous les deux en commun. Je vous assure que la composition de cet ouvrage a eu tant de charmes pour moi, qu’elle a dépouillé la vieillesse à mes yeux de toutes ses peines, et me l’a fait voir aussi douce qu’aimable. On ne pourra donc jamais assez louer la philosophie, puisqu’avec elle l’homme peut être heureux à tout âge. Mais nous avons déjà parlé souvent, et nous parlerons souvent encore de ses bienfaits : dans l’ouvrage que je vous envoie, il ne s’agit que de la vieillesse. J’ai choisi, pour mon principal interlocuteur, non pas Tithon, comme a fait Ariston de Chio(3), de peur que la fable n’ôtât tout crédit à mes discours, mais Caton l’ancien, pour qu’il leur donnât plus d’autorité. Je suppose Lélius et Scipion chez lui, témoignant leur admiration de la facilité avec laquelle il supporte la vieillesse, et Caton répondant à leurs questions. Que si vous lui trouvez un esprit un peu plus orné que dans ses propres écrits, vous devez l’attribuer à la littérature grecque, dont il est constant qu’il fit une étude particulière dans sa vieillesse. Mais il suffit ; vous allez voir comment je fais parler Caton.

II. — Scipion(4). Il m’arrive souvent, Caton(5), d’admirer avec Lélius(6) votre parfaite sagesse en toutes