Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la nouveauté de votre nom, je passe à l’importance de votre demande. Vous demandez le consulat : tous vous en jugent digne, beaucoup vous l’envient. Né dans l’ordre équestre, le poste auquel vous aspirez est le plus éminent de la république, et tel encore qu’il élève plus que toute autre personne l’homme à la fois irréprochable, éloquent et courageux. Ne pensez point que la considération que vous promet le consulat échappe à ceux qui ont déjà obtenu cette dignité. Quant aux rejetons de familles consulaires qui n’ont pas encore égalé les honneurs de leurs ancêtres, tous, je crois, hors ceux qui vous portent une affection extrême, sont jaloux de votre élévation. Parmi les hommes nouveaux, parvenus à la préture, ceux que ne vous attache point la reconnaissance, répugnent également à se voir surpassés par vous en dignité. Dans le peuple même, vous n’ignorez pas combien vous avez d’envieux ; combien de gens, par une habitude contractée dans ces derniers temps, sont peu portés en faveur des hommes nouveaux(19). Il est impossible encore que les causes que vous avez défendues ne vous aient pas fait quelques ennemis. Jugez enfin vous-même si, par votre zèle extrême pour l’élévation de Pompée, vous ne devez pas craindre de vous être aliéné certaines personnes. Aspirant à la première charge de l’état, et instruit que bien des affections individuelles peuvent vous être contraires, il vous est indispensable d’unir la politique et la prévoyance à la persévérance et à l’activité.


V. Deux moyens de succès partagent les soins d’un candidat, le zèle de ses amis et la bienveillance du peuple. L’un est le prix des bienfaits, des services, de l’ancienneté des liaisons, de l’obligeance et de l’amabilité naturelle. Mais, dans une telle conjoncture, ce