Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/233

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pas, et dont on n’a point capté les suffrages en sa faveur, le comble de la considération et de la gloire, et les plus grandes actions suffisent à peine ; comment un homme méchant, inactif(25), noté d’infamie, pourrait-il sans talent, sans crédit et sans amis, l’emporter sur vous qu’étayent le zèle d’un grand nombre d’hommes et l’estime de tous, si vous ne vous rendiez coupable d’une impardonnable négligence ?

VIII. Sachez donc vous assurer de toutes les centuries par des affections nombreuses et variées. Recherchez d’abord ceux qui sont le plus près de vous, les sénateurs, les chevaliers et les hommes actifs et accrédités dans les autres ordres de l’état. On trouve dans les tribus urbaines(26) beaucoup d’hommes habiles, beaucoup d’affranchis adroits et influents au forum. Ceux d’entre eux que vous pourrez gagner, soit par vous-même, soit par des amis communs, travaillez de toutes vos forces à vous les concilier ; sollicitez-les, faites-les solliciter ; témoignez-leur qu’ils peuvent vous rendre le service le plus important. Occupez-vous ensuite de la ville entière, de toutes les corporations, des villages, des hameaux voisins. Si vous y intéressez en votre faveur les personnages principaux, vous pourrez, grâce à leur influence, compter sur le reste des citoyens. Ayez ensuite toujours présentes à la pensée et à la mémoire, l’Italie entière et ses divisions, afin de ne pas laisser une ville municipale, une colonie, une préfecture(27), un seul endroit enfin où vous ne vous assuriez un appui suffisant. Cherchez même, et découvrez des hommes de chacun de ces pays ; faites connaissance avec eux, captez et affermissez leur bienveillance, afin que, parmi leurs compatriotes, ils sollicitent des suffrages, et se fassent, pour ainsi dire, candidats en votre faveur. Ils