Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rable que le zèle de ces jeunes gens qui escortent un candidat, et parcourant les centuries, lui rapportent ce qui l’intéresse, et briguent pour lui des suffrages.

IX. Puisque j’ai parlé du cortège d’un candidat, j’ajouterai qu’il est indispensable de réunir chaque jour près de vous une multitude d’hommes de toutes les classes, de tous les âges et de tous les ordres. Leur affluence est le présage de ce que vous trouverez de crédit et de partisans dans les comices. Trois sortes de personnes la composent : les clients qui viennent vous saluer chez vous ; ceux qui vous conduisent au forum ; et ceux qui vous suivent partout. Aux premiers, qui prodiguent leur hommage à plus de monde, et qui, par cet usage établi, sont les plus nombreux, montrez que vous attachez un grand prix à cette légère marque de considération ; prouvez à tous ceux qui viennent chez vous, que vous les remarquez ; témoignez-le à leurs amis, qui doivent le leur redire ; dites-le fréquemment à eux-mêmes. Souvent ainsi les hommes qui vont saluer plusieurs compétiteurs, s’ils en distinguent un plus attentif à leurs soins, se livrent à celui-là, et abandonnent tous les autres ; et insensiblement, à leur hommage banal et peu sincère, succède, pour servir votre demande, un zèle exclusif et inébranlable. Si vous découvrez, ou si l’on vous fait apercevoir dans les promesses d’un client l’intention de vous tromper, ayez grand soin de dissimuler que vous le sachiez ou qu’on vous l’ait dit. Si quelqu’un d’entre eux veut se justifier, comme craignant de vous être suspect, affirmez que vous n’avez jamais eu, que vous ne devez point avoir de doute sur son affection ; car celui qui se croit soupçonné ne peut vous être sincèrement attaché. N’en cherchez pas moins à pénétrer les intentions réelles de chacun, afin d’y pro-