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DE LA VIEILLESSE.

sine de la mort. Essayons, si vous voulez, d’apprécier toutes ces causes l’une après l’autre, et de voir si l’on a raison de se plaindre.

VI. La vieillesse éloigne des affaires. De quelles affaires ? Est-ce de celles qui ne peuvent se faire que dans la force de l’âge ? Mais n’en est-il point qui soient propres aux vieillards, et que la tête dirige, quelque faible que soit le corps ? Fabius Maximus ne faisait donc rien, non plus que Paul Émile votre père, Scipion, et le beau-père de mon fils, cet excellent citoyen ? Et les autres vieillards, les Fabricius, les Curius, les Coruncanius, quand ils soutenaient la république de leurs conseils et de leur autorité, ils ne faisaient donc rien ? Appius Claudius(9) était vieux, et de plus aveugle ; cependant, lorsque l’opinion du sénat inclinait à faire la paix et à conclure un traité avec Pyrrhus, il n’hésita point à dire ce qu’Ennius exprime ainsi :

Qu’entends-je ? quelle erreur, quelle fatalité
A fait devant un roi plier votre fierté ?

Le reste est de la même énergie ; vous connaissez le poëme : le discours même d’Appius nous est resté ; et il le prononça dix-sept ans après son second consulat, qu’un intervalle de dix ans séparait du premier, avant lequel il avait été censeur : d’où l’on voit qu’il était très âgé du temps de la guerre de Pyrrhus ; et c’est aussi ce que nous apprenons de nos pères. Ceux-là donc ne réfléchissent pas qui nient que la vieillesse soit propre aux affaires, et ils ressemblent à celui qui dirait que dans un vaisseau le pilote ne fait rien, parce que, le gouvernail en main, il se tient tranquille à la poupe, tandis que les uns grimpent au haut des mâts, que les